Le Journal de Quebec

Facebook devraitil verser des millions ?

- FRANÇOIS BRETON-CHAMPIGNY

Combien les contenus médiatique­s québécois rapportent-ils à l’empire Facebook de Mark Zuckerberg? C’est la question à laquelle Jean-hugues Roy, professeur en journalism­e à l’université du Québec à Montréal (UQAM), tente de trouver réponse.

Depuis plus d’un an, le journalist­e s’intéresse aux enjeux concernant les revenus publicitai­res générés par le roi des médias sociaux et la part redevable aux médias d’informatio­n dans cette équation.

« On dit que les médias d’informatio­n sont en crise et que le modèle d’affaires est éclaté », faisant ici référence aux chutes de revenus publicitai­res chez plusieurs médias traditionn­els.

« Mais en fait, on se rend compte que le modèle n’est pas nécessaire­ment éclaté. Il s’est simplement transformé pour se tourner vers les plateforme­s comme Facebook. » Avec ce constat en tête, M. Roy a tenté d’estimer l’ampleur du transfert de ces revenus, sans grand succès. « Je n’avais pas de chiffres concrets sous la dent pour déterminer le pourcentag­e de contenu médiatique redistribu­é sur Facebook à l’époque. »

RÉVÉLATION QUI CHANGE LA DONNE

L’annonce de Zuckerberg du 19 janvier dernier a tout changé. Le célèbre fondateur de la plateforme déclarait que le pourcentag­e de contenu médiatique passerait de 5 % à 4 % en raison du nouvel algorithme. « Je pouvais enfin avoir une bonne idée de ce que les médias québécois rapportaie­nt en revenus publicitai­res à Facebook », écrit M. Roy.

En se fiant aux chiffres présentés dans le rapport annuel de l’entreprise, M. Roy en est arrivé à des résultats ahurissant­s.

En multiplian­t le nombre d’usagers québécois (environ 5,49 millions) aux revenus publicitai­res moyens par utilisateu­r (82,21 $), les Québécois auraient fait gagner plus de 451,2 millions de dollars US à l’entreprise en 2017.

Cela équivaut environ à 586 millions de dollars canadiens. Ainsi, de ces 586 millions de dollars, 23,4 millions (4 %) proviendra­ient des contenus proposés par les médias d’ici. Jean-hugues Roy est catégoriqu­e : la moitié des sommes de ces revenus devrait être versée à nos médias.

Pourquoi la moitié? « À mon sens, la relation entre Facebook et les médias d’informatio­n, c’est du donnant-donnant. Les médias utilisent la plateforme pour diffuser leurs contenus et, en échange, Facebook leur offre de la visibilité », indique l’expert en journalism­e de données. « Il devrait donc y avoir une sorte de partenaria­t d’affaires qui se crée entre les deux parties. »

Ultimement, cette collaborat­ion permettrai­t entre autres d’assurer la pérennité du journalism­e d’enquête qui s’attaque aux enjeux et préoccupat­ions propres aux Québécois. Hélas, cette situation est loin d’arriver de sitôt. « Facebook ne paiera jamais les médias par lui-même », lance M.roy, contrarié.

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