L’heure du jugement
Le gouvernement de Philippe Couillard a joué sa dernière carte avant l’élection : un budget de dépenses tous azimuts. Est-ce que ce sera suffisant pour renverser la tendance en faveur de la CAQ ? Rien n’est moins sûr…
Pour couper l’herbe sous le pied du parti de François Legault, le gouvernement libéral a mis le paquet tout juste avant les vacances des Fêtes, en annonçant une baisse d’impôt pour tous, des chèques de 100 $ par enfant pour la rentrée scolaire et une diminution importante de taxes scolaires pour la plupart des propriétaires.
Tout y était. Pourtant, toutes ces mesures populaires, qui auraient pu plaire à la clientèle de la CAQ, n’ont pas fait bouger l’aiguille d’un iota.
Le plus récent coup de sonde de Léger le 3 mars dernier a démontré une baisse d’appuis de deux pour cent des libéraux, qui atteignaient un creux depuis leur élection à 26 pour cent, contre 37 pour la CAQ.
Depuis, le gouvernement a confirmé qu’il devançait la troisième semaine de vacances des travailleurs et a assoupli les congés parentaux.
En fins stratèges, les libéraux ont délibérément coulé des informations sur des mesures du budget plus de deux semaines à l’avance, pour occuper l’espace public et tenter de changer le goût amer laissé dans la bouche des Québécois depuis la généreuse entente conclue avec les médecins.
LES DERNIERS BONBONS
Mardi, le ministre Carlos Leitao avait encore quelques bonbons dans son sac.
Par exemple, à Québec, où les circonscriptions feront l’objet d’une dure bataille, le gouvernement a sorti des boules à mites l’intéressant projet de pavillon des requins que caressait la Sépaq depuis des années pour l’aquarium.
Puis, surtout, il a annoncé un crédit d’impôt permettant aux couples qui achèteront une première maison de récupérer jusqu’à 750 $.
Ça fait du bien. Mais, est-ce que c’est un tournant ? Non.
De plus, le gouvernement Couillard hausse les dépenses de 4,6 milliards de dollars, ce qui le force à puiser 1,6 milliard dans son fonds de réserve, sans quoi il présenterait un budget déficitaire.
Même en prévoyant tout de suite une hausse des dépenses bien plus modeste de 2,8 pour cent l’an prochain, comparativement à 4,7 pour cent en cette année électorale, le prochain gouvernement devra encore pomper 1 milliard de dollars de la réserve pour respecter le déficit zéro.
La marge de manoeuvre qui a permis l’actuelle pluie de dépenses sera asséchée.
SPRINT FINAL
À la rentrée parlementaire, après les Fêtes, un caquiste influent m’avait confié que le parti avait acquis une certitude : que Philippe Couillard était « foutu ».
La question se pose. Est-ce que la tendance lourde des derniers mois peut être renversée ?
Le gouvernement libéral a des bons coups à son actif. Il peut se féliciter d’avoir présenté quatre budgets équilibrés consécutifs et d’avoir réduit le fardeau fiscal des Québécois.
Par contre, lorsque Philippe Couillard dit que « le Québec va mieux », il fait abstraction de la situation intenable dans les urgences des hôpitaux et des enseignants qui quittent la profession, épuisés.
Les Québécois rendront leur verdict cet automne… l’heure du jugement va bientôt sonner.