Les ragots de Madame Stormy
Pourquoi diable l’histoire de couchette entre Donald Trump et une actrice porno est-elle au coeur de l’actualité internationale ? Officiellement, c’est parce que des proches de Donald Trump auraient cherché à étouffer l’histoire qu’il faudrait la révéler.
On ajoute que c’est parce qu’on l’aurait menacée de représailles si elle la racontait publiquement. Si ce dernier élément est vrai, c’est effectivement grave.
La civilisation américaine est à la fois puritaine et hypersexualisée.
MAÎTRESSES
Mais fondamentalement, il ne s’agit là que de prétextes superficiels légitimant de manière bancale l’obsession des médias à propos d’une soirée de jambes en l’air qui, dans un monde normal, devrait moins préoccuper ceux qui s’intéressent à la politique que les consommateurs de potins et d’histoires glauques.
Derrière cela, on trouve d’abord le rapport névrotique des Américains avec la sexualité. La civilisation américaine est à la fois puritaine et hypersexualisée. D’un côté, elle chante la gloire d’un modèle familial immaculé, amidonné, presque chaste, et de l’autre, elle met de l’avant une conception pornographique de la sexualité qu’on trouve partout dans les médias et la culture populaire.
On se souvient de l’affaire Monica Lewinsky, qui avait plombé la présidence Clinton. Scandale ! On a d’ailleurs reproché à Clinton d’avoir multiplié les relations extraconjugales. On est loin ici des pays européens qui savent depuis longtemps que les passions humaines sont complexes et que la vie privée doit être détachée de la vie publique. Dans l’histoire du monde, qu’un homme puissant ait des maîtresses relève de la norme plutôt que de l’exception. On peut bien s’en désoler, mais c’est ainsi.
L’amérique est la société où tout se marchande, surtout les secrets sexuels. Apparemment, une femme ne voit rien de mal à l’idée de vendre à un journal le récit de sa nuit avec un homme connu. Si on le lui reproche, elle se justifiera au nom de la transparence. Elle se croit appelée à dire la vérité sur son partenaire d’un soir.
Par ailleurs, à ce qu’on sait des galipettes entre madame Stormy et le Donald, elles se sont déroulées sous le signe du consentement le plus absolu.
Apparemment, l’amérique aurait le droit de savoir qui est l’homme qui l’a connue dans son plus simple appareil. C’est fou à quel point la transparence est aujourd’hui le mot préféré des voyeurs, des exhibitionnistes, des colporteurs de ragots et des ambitieux prêts à tout pour se faire connaître. La transparence justifie bien des saloperies.
Mais il y a aussi une dimension politique à tout cela. Donald Trump n’est pas seulement contesté aux États-unis. Il est absolument détesté. Les grands médias ne le voient pas seulement comme un adversaire ou comme l’ennemi public, mais comme un ennemi de l’humanité.
HYSTÉRIE
Il y a quelque chose comme une hystérie anti-trumpienne. Tout ce qui peut faire passer le président américain pour une ordure est relayé médiatiquement avec complaisance. On peut le comprendre. L’homme n’a rien d’aimable. Mais cela ne veut pas dire que tout soit permis contre lui. Il fait de la politique. Il devrait être critiqué politiquement. La matière ne manquera pas.