Un ex-juge appelle à réviser la Constitution
Il veut l’abrogation de l’amendement sur les armes à feu
WASHINGTON | (AFP) Un ex-juge de la Cour suprême des États-unis, institution gardienne de la Constitution américaine, a paradoxalement appelé hier à abroger le deuxième amendement de la Constitution sur la détention des armes à feu.
Cet appel de John Paul Stevens, dans une tribune publiée par le New York Times, intervient trois jours après la plus grande manifestation contre les armes de l’histoire des États-unis.
« Rarement dans ma vie j’ai été le témoin d’un engagement civique tel que celui démontré par des écoliers et leurs supporteurs samedi, à Washington et dans d’autres grandes villes du pays », a écrit l’ex-haut magistrat.
RÉFORME « PLUS DURABLE »
Ces manifestations « illustrent un large soutien de la population en faveur de lois réduisant le risque de tueries d’enfants scolarisés et autres », estime M. Stevens.
L’ancien sage de la haute cour appelle à interdire les fusils d’assaut et à relever de 18 à 21 ans l’âge légal d’achat des armes à feu.
Mais il faut, selon lui, aller plus loin. « Les manifestants devraient chercher à obtenir une réforme plus efficace et plus durable. Ils devraient exiger une abrogation du deuxième amendement », poursuit M. Stevens.
« IDÉE RADICALE »
Dans un communiqué, hier, la National Rifle Association (NRA) a dénoncé une « idée radicale ». « Les hommes et femmes de la NRA tout comme la majorité de la population américaine et la Cour suprême croient dans le droit à l’autodéfense du deuxième amendement, et nous continuerons à lutter de façon assumée pour protéger cette liberté fondamentale », a assuré l’organisation.
Le deuxième amendement est considéré comme sacré par les défenseurs du port d’arme en Amérique, même si ce paragraphe fait depuis deux siècles l’objet d’interprétations divergentes. Le texte énonce qu’« une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé ».
« Cette préoccupation est un vestige du 18e siècle », tranche John Paul Stevens.