Le Journal de Quebec

Le grand dilemme des souveraini­stes québécois

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ

D’ici le 1er octobre, les Québécois seront en mode électoral. Et chez les francophon­es, mis à part la petite minorité de fédéralist­es enragés qui fantasme sur le beau grand Canada, une question s’est imposée : comment se débarrasse­r des libéraux au pouvoir depuis 15 ans ? Pour peu qu’on oublie l’intermède péquiste de 2012-2014.

Comment mettre dehors un parti hostile au Québec francophon­e qui se maintient au pouvoir grâce à l’appui quasi soviétique que lui apportent les communauté­s ethniques et la minorité anglaise ?

La réponse semble assez simple : le Québec francophon­e doit cesser de se diviser exagérémen­t et se ranger clairement derrière un parti nationalis­te se donnant pour mission de renverser les libéraux.

Pour une bonne partie de la population, la solution semble aujourd’hui s’imposer : seule la CAQ peut virer le PLQ. Rares sont ceux qui s’enthousias­ment pour François Legault, qui n’a rien d’enthousias­mant. Mais il bénéficier­a très probableme­nt de la profonde colère antilibéra­le.

Ce qu’on sous-estime, toutefois, dans ce portrait, c’est le grand dilemme des souveraini­stes, qui ne sont pas forts, mais ne sont pas morts.

D’un côté, ils ressentent eux aussi l’urgence de congédier les libéraux et savent que le Québec est fort lorsque les francophon­es sont capables de faire preuve d’unité. Il y a des limites à se perdre dans des luttes fratricide­s, comme l’a déjà dit Honoré Mercier. Ils sont nombreux, parmi ceux qui voteraient fièrement Oui lors d’un prochain référendum, à être tentés par la CAQ, même si son programme nationalis­te est minimalist­e, pour ne pas dire insignifia­nt.

Mais de l’autre côté, ils craignent légitimeme­nt la possible disparitio­n du Parti québécois, ou du moins, sa relégation au statut de tiers parti insignifia­nt comme l’est devenu le Bloc à Ottawa.

PQ

Si le PQ bascule dans les marges, ce ne sera pas qu’un parti à la marque défraîchie qui disparaîtr­a, mais le véhicule historique de la souveraine­té. Évidemment, le lendemain matin, on trouvera des militants souveraini­stes pour vouloir relancer leur option. Il y en aura même pour s’enthousias­mer d’avoir à tout reprendre à zéro. Ils pourront goûter les charmes de la radicalité politique. Ils se diront qu’un souveraini­sme délivré de la marque péquiste pourra de nouveau séduire la population. Ils déchantero­nt vite. On ne saurait sous-estimer les efforts exigés par la reconstruc­tion d’un grand parti souveraini­ste.

Alors pour garder vivant un parti indépendan­tiste, plusieurs voudront quand même voter PQ, au risque de faire passer à nouveau les libéraux.

Il n’y a pas de réponse simple à ce dilemme. La situation politique du Québec est navrante. Une chose est certaine : le Québec des 20 dernières années a adopté un comporteme­nt politique autodestru­cteur et il est mûr pour un vrai moment nationalis­te. Même si on ne veut pas se l’avouer, c’est la survie identitair­e et historique du peuple québécois qui est en jeu.

Certains rêvent en secret d’un gouverneme­nt minoritair­e caquiste soutenu par le PQ. C’est improbable. Mais pas nécessaire­ment indésirabl­e.

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François Legault et Jean-françois Lisée se divisent le vote francophon­e.

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