La réalité se déchire
Vous êtes dans un lieu familier où vous faites votre « social » après un moment de recueillement. Un individu fait irruption, des coups de feu retentissent et votre existence bascule. Elle ne sera plus jamais la même.
Vous écoutez vos programmes du dimanche soir en pensant à votre grand gars qui ne va pas bien. Le téléphone sonne et vous apprenez qu’il a posé d’horribles gestes. L’idée que vous vous faisiez de votre famille disparaît à jamais.
EXPÉRIENCES SINGULIÈRES
Ces expériences terribles, avec lesquelles tant de personnes ont encore à composer depuis l’attaque de la mosquée de Québec, on peine à les comprendre parce qu’elles sont singulières, dans leur essence. Peu de gens auront à affronter pareilles situations, et c’est fort heureux.
Toutefois, on est capable d’imaginer ce que ça peut représenter, de voir la réalité se déchirer. De traverser ces moments pour lesquels il y aura un avant et un après.
C’est notamment pour cette raison qu’on ne peut faire autrement que de chercher à comprendre ce qui peut pousser une personne à infliger une telle violence. Celle de briser la vie des autres.
INASSOUVI
S’il y a du soulagement devant la décision d’alexandre Bissonnette de plaider coupable et suivant l’économie d’une longue divulgation de preuve, il reste un sentiment inassouvi. Cette impression de ne pas avoir toutes les clés pour comprendre. Et pour guérir collectivement.
On aurait tort de n’y voir que du voyeurisme. Contempler la banalité du mal qui habite ceux que nous considérons comme des monstres, c’est une manière de se confronter à notre propre part d’ombre.
Alexandre Bissonnette a bien fait de se reconnaître coupable, puisqu’il l’est. Reste quand même qu’il aurait été utile d’en savoir plus sur ses motivations. Justement pour comprendre ce qu’il y a dans nos sociétés pour pousser un jeune homme fragile à poser un tel geste.