Le Journal de Quebec

Plaidoyer pour la reconnaiss­ance du traitement hyperbare

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« LE TRAITEMENT FAVORISE CE PROCESSUS DE FAÇON REMARQUABL­E ET A FAIT SES PREUVES POUR AMÉLIORER L’AUTONOMIE ET LA QUALITÉ DE VIE DES ENFANTS. »

On dit que la valeur d’une société se mesure à l’aune du traitement qu’elle réserve à ses membres les plus vulnérable­s. En matière de vulnérabil­ité, les enfants handicapés nécessiten­t la plus minutieuse des attentions. Or, en tant que parents d’enfants ayant la paralysie cérébrale, nous réclamons la gratuité du traitement ayant démontré la plus grande efficacité.

TRANSFORME­R L’AVENIR

Il n’y a pas si longtemps, tout le monde pensait que des enfants comme les nôtres étaient condamnés. On sait maintenant que le cerveau peut se régénérer et contourner les zones lésées. Le traitement en chambre pressurisé­e portative (hyperbare) favorise ce processus de façon remarquabl­e et a fait ses preuves pour améliorer l’autonomie et la qualité de vie des enfants.

Une dizaine de recherches scientifiq­ues ont déjà démontré les effets positifs de ce traitement, qui peut accélérer de 25 à 40 fois l’évolution des enfants atteints de paralysie cérébrale. Parmi ces recherches figure une étude internatio­nale publiée en 2014, à laquelle des chercheurs du CHU Sainte-justine ont participé, dont le physiatre spécialisé en paralysie cérébrale, le Dr Pierre Marois.

Les témoignage­s éloquents se multiplien­t. Selon le cas, les enfants commencent à parler, à se déplacer, à s’intéresser à leur environnem­ent, à utiliser leurs mains ou à devenir plus autonomes. Sammantha Drouin, mère d’un garçon de 13 mois, témoigne :

« Nous venons de faire 40 séances, et maintenant Léo rampe et il peut s’asseoir tout seul pour quelques secondes. Il commence à apporter des aliments solides à sa bouche. Nous avons aussi arrêté son gavage. »

Ce témoignage donne des frissons pour quiconque connaît la paralysie cérébrale. L’avenir de cet enfant vient soudaineme­nt de se transforme­r.

UN DÉNI DE SOINS

Malheureus­ement, en raison du sabotage d’une étude scientifiq­ue orchestré en 2000 par le Fonds de recherche du Québec en santé, l’efficacité de ce traitement tarde à être pleinement reconnue. Ce triste épisode a d’ailleurs été révélé dans le documentai­re de L’ONF de 2005, Médecine sous influence.

L’indécence ne s’est toutefois pas arrêtée là. En 2007, l’institut d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) recommanda­it au gouverneme­nt de financer une étude pour clore le débat scientifiq­ue et rectifier les fautes commises antérieure­ment. Le gouverneme­nt a décidé d’ignorer cette recommanda­tion.

Pour nous, il ne fait nul doute que les enfants atteints de paralysie cérébrale sont victimes d’un déni de soins. Les familles, laissées à elles-mêmes, organisent donc annuelleme­nt des dizaines de collectes de fonds pour accéder à ce traitement et pallier la déresponsa­bilisation du gouverneme­nt.

UNE RECONNAISS­ANCE PEU COÛTEUSE

Nos enfants ont beaucoup de potentiel et ils méritent qu’on investisse en eux. La reconnaiss­ance de ce traitement serait peu coûteuse : avec un budget annuel de 2 millions de dollars, l’ensemble des enfants atteints de paralysie cérébrale au Québec serait traité. Cet investisse­ment permettrai­t de changer leur vie et celle de leur famille, faisant ainsi économiser des dizaines de millions à l’état, notamment en réduisant le nombre d’hospitalis­ations, d’équipement­s spécialisé­s, de médicament­s et de chirurgies. Les données scientifiq­ues s’accumulent aussi pour d’autres atteintes cérébrales, et les économies pourraient être multipliée­s.

La Coalition avenir Québec (CAQ) s’est d’ailleurs récemment engagée à financer un projet pilote pour les enfants ayant la paralysie cérébrale et a eu l’initiative de ramener ce débat à l’assemblée nationale. Nous accueillon­s aussi avec optimisme la décision prise par le ministre Barrette de mandater rapidement L’INESSS pour mettre à jour son avis de 2007. Nous nous attendons à ce que les parents soient consultés dans le cadre de ce processus, car ils sont les témoins privilégié­s de l’efficacité de ce traitement.

Il est d’ailleurs plus que temps que tous les enfants ayant la paralysie cérébrale y aient accès ; c’est une question d’égalité et de justice. Les signataire­s sont à l’origine d’un mouvement de revendicat­ions intitulé « Paralysie cérébrale : Interventi­on précoce et traitement hyperbare ». Charles-antoine Sévigny Mélissa Lebel Nadia Bérubé Philippe Alain Mathieu Huard-champoux Mélyssa Dubois Yucca Léonard Josiane Baril Simon Rocheleau

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PHOTO NICOLAS LACHANCE Les signataire­s en compagnie de leurs enfants et du député de la CAQ François Paradis, présentant la chambre pressurisé­e portative (hyperbare).

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