Le Journal de Quebec

En faillite à cause du problème de jeu de son ex-conjoint

- Emmanuelle Gril

Il y a cinq ans, Audrey a dû se résoudre à quitter Jean-marc. Aux prises avec un important problème de jeu, celui-ci avait mis les finances du couple en déroute. Mais les ennuis de la jeune femme n’allaient pas s’arrêter là.

Pendant plusieurs années, Audrey a cru aider son conjoint en lui permettant d’utiliser ses propres cartes de crédit lorsqu’il n’avait plus de fonds disponible­s sur les siennes. Lorsqu’elle a décidé de mettre un terme à la relation, Jean-marc l’avait endettée de 15 000 $.

Partie vivre en appartemen­t, Audrey a tout abandonné derrière elle, et a obtenu un prêt de consolidat­ion pour régler le solde de ses cartes de crédit.

Parce qu’elle n’avait pas d’emploi stable, elle a préféré retourner sur les bancs d’école afin d’améliorer sa situation. Après trois ans d’études, elle a décroché un bon poste et empoche désormais une meilleure rémunérati­on. Avec 2000 $ de salaire net, elle pensait pouvoir s’en sortir, mais malheureus­ement son passé l’a rattrapée…

ENDETTEMEN­T INSURMONTA­BLE

Durant ses études, Audrey a utilisé ses cartes de crédit pour couvrir certaines de ses dépenses courantes. Aujourd’hui, elle a accumulé une dette de 5000 $ qui vient s’ajouter au prêt de consolidat­ion qu’elle doit également rembourser.

« Audrey ne fait pas de folies financière­s, elle ne fume pas et ne sort pas. Néanmoins, son salaire n’est pas suffisant pour effectuer ses paiements mensuels et faire face à ses dépenses courantes. Par conséquent, elle doit utiliser le crédit pour s’en sortir et elle continue à s’enfoncer dans la spirale de l’endettemen­t », mentionne Nadia Paradis, syndique autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

Pour se tirer de cette pénible situation et laisser enfin son passé derrière elle, Audrey est allée consulter la syndique. Celle-ci a constaté qu’avec un revenu mensuel de 2000 $ et des dépenses de 1800 $ par mois pour subvenir à ses besoins de base, la jeune femme n’a que peu de marge de manoeuvre. Si elle effectue les paiements minimums sur sa carte de crédit (150 $ par mois), il lui faudra plus de 20 ans et elle devra débourser près de 6000 $ en intérêt pour venir à bout du solde de 5000 $. Parallèlem­ent, le prêt nécessite de faire des versements mensuels d’environ 350 $ pendant 60 mois.

PENSEZ-Y À DEUX FOIS

Audrey voulait tourner la page une fois pour toutes. Compte tenu de sa situation, la syndique lui a proposé de faire faillite. L’entente prévoit qu’elle devra débourser 225 $ par mois pendant neuf mois. Elle sera ensuite libérée de la totalité de ses dettes, cartes de crédit et prêt de consolidat­ion, et aura pu conserver son véhicule. En revanche, son dossier de crédit sera entaché pendant une période de six ans après sa libération.

Nadia Paradis lui a donné des conseils pour l’aider à rebâtir son crédit et à conserver une bonne cote dans le futur. En particulie­r, elle lui a recommandé d’empêcher quiconque d’utiliser son crédit personnel.

La leçon à retenir à la lumière de la situation qu’a vécue Audrey, c’est que si vous avez des proches en difficulté, pensez-y à deux fois avant de leur prêter des sommes dont vous ne disposez pas. « En vous endettant pour leur venir en aide, vous risquez de couler vous aussi », fait valoir Nadia Paradis.

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