DES CRÉATEURS DU COURS ADMETTENT DES LACUNES
10 ans après l’implantation de l’éthique et culture religieuse
Dix ans après l’implantation du controversé cours d’éthique et culture religieuse dans les écoles québécoises, des artisans de ce programme admettent des lacunes dans le contenu, le matériel scolaire et la formation des enseignants.
En septembre 2008, le cours d’éthique et culture religieuse (ECR) est lancé dans la controverse, remplaçant les cours de morale et d’enseignement religieux confessionnel. Tous les enfants québécois, peu importe leur religion, doivent dorénavant apprendre qui sont Jésus, Bouddha et Mahomet sur les bancs d’école.
Il s’agit alors d’un programme très novateur, souligne Denis Watters, ancien fonctionnaire du ministère de l’éducation qui a été responsable de l’élaboration ce cours. « Le Québec est devenu un des premiers endroits au monde à avoir un programme comme ça et on continue à nous imiter ailleurs dans le monde », affirme-t-il. Ce dernier insiste sur l’important travail de préparation et de consultation fait alors par le ministère, qui avait pour objectif d’en arriver au « consensus social » le plus large possible.
CRITIQUES TOUJOURS PRÉSENTES
Or, dix ans plus tard, les critiques sont toujours présentes, même si elles ont évolué au fil des ans. Des experts qui ont participé à la conception du programme, en tant que membres du comité-conseil mis sur pied pour superviser l’élaboration des contenus, admettent que certaines critiques sont fondées et réclament une évaluation en bonne et due forme de ce cours, afin d’en arriver à une version revue et améliorée. « Le Québec a beaucoup évolué en dix ans », souligne l’un d’entre eux, le philosophe Georges Leroux.
Même si les experts consultés estiment que des changements s’imposent (voir ci-contre), tous considèrent néanmoins que les critiques émises au fil des ans ne justifient en rien le retrait du cours. Les objectifs de ce programme, qui sont la connaissance de l’autre et la poursuite du bien commun, ont plus que jamais leur place sur les bancs d’école, affirment-ils. Ils sont aussi nombreux à déplorer le manque de formation de plusieurs enseignants (voir autre texte).
CHANGEMENTS RÉCLAMÉS
Ces experts ne sont pas les seuls défenseurs du cours à réclamer des changements. En 2016, dans une lettre ouverte, 70 enseignants du primaire et du secondaire de même que des universitaires signaient une lettre ouverte réclamant un « cours D’ECR 2.0 », qui ferait davantage de place aux non-croyants et à des positions critiques par rapport aux religions. Les faiblesses de certains manuels scolaires doivent aussi être corrigées, pouvait-on lire.