LA DISCRIMINATION A DURÉ AU MOINS 25 ANS
L’institution a eu recours à une pratique discriminatoire depuis au moins 1991
L’université Laval, qui a fait remplir des questionnaires médicaux contrevenant à la Charte des droits et libertés pour recruter des employés de bureau, a eu recours à cette pratique pendant plus de 25 ans.
Fin janvier, Le Journal révélait que l’université Laval utilisait jusqu’à tout récemment un questionnaire médical controversé lors du processus d’embauche pour certains emplois de soutien. Dans le formulaire, on retrouvait des questions pointues sur les antécédents familiaux, la consommation de drogues et d’alcool de même que des questions d’ordre gynécologique, lorsqu’il s’agissait de femmes.
ILLÉGAL
Ce type de questionnaire est illégal, selon un jugement rendu l’an dernier dans un dossier similaire et la Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec (CDPJQ).
Au lendemain de la publication de l’article, la direction de l’université Laval a reconnu que certaines questions étaient « inadéquates », en précisant que ce formulaire avait été utilisé depuis 2009 et qu’« aucune plainte n’avait été reçue auparavant ».
Or, selon des documents obtenus par Le Journal en vertu d’une demande d’accès à l’information, d’autres questionnaires semblables étaient utilisés dès le début des années 1990. Le plus ancien questionnaire retracé date de 1991 et comporte aussi une série de questions réservées aux femmes (voir image ci-haut).
La vice-rectrice aux ressources humaines, Lyne Bouchard, reconnaît que l’administration « aurait dû se poser des questions » au sujet de ce formulaire bien avant d’être contactée à ce sujet par Le Journal, au début janvier.
DEUX PLAINTES FORMELLES
Par ailleurs, contrairement à ce qui a été affirmé à la fin janvier, deux plaintes formelles à ce sujet ont été déposées auprès de CDPJQ, en décembre 2012 et en août 2017. La première s’est réglée à l’amiable et la deuxième a été jugée non fondée.
Ces informations n’étaient pas disponibles au lendemain de la publication de l’article et ont été découvertes « en approfondissant notre analyse et nos recherches », indique la direction de l’université Laval.
« Ce qui m’étonne, c’est qu’il n’y en ait pas eu plus que ça », rétorque de son côté le conseiller syndical du Syndicat des employés de l’université Laval (SEUL), Éric-jan Zubrzycki.
Le SEUL avait par ailleurs déposé un grief à ce sujet, mais il a été retiré après que la direction de l’université Laval s’est engagée à détruire les questionnaires médicaux qui ont été remplis, selon les recommandations qui seront fournies par la CDPJQ. Des excuses ont aussi été transmises aux employés concernés, indique le président du syndicat, Luc Brouillette.