Fuite massive d’infos personnelles
Des renseignements sensibles donateurs au parti de l’ex-maire de Montréal Denis Coderre ont été piratés
Les renseignements personnels de 869 donateurs au parti de l’ex-maire de Montréal Denis Coderre, dont plusieurs personnalités bien en vue et fortunées, ont été piratés, incluant leurs numéros de carte de crédit, adresse personnelle et date de naissance.
Notre Bureau d’enquête vient de recevoir, par une source anonyme, une liste de fiches informatisées de centaines de gens qui ont donné 300 $ (le maximum permis) et moins au parti de Denis Coderre entre 2014 et 2016.
Tous les renseignements qui permettraient à une personne mal intentionnée de commettre des fraudes d’identité s’y trouvent ( voir ci-contre).
Le ou les pirates ont même obtenu le code de vérification à trois chiffres situé à l’arrière de la carte de crédit des donateurs.
Pourtant, en février dernier, le parti Équipe Denis Coderre pour Montréal avait dit à ses membres de ne pas s’inquiéter après que son site web a été victime d’une cyberattaque, en novembre 2017. Le directeur général du parti, Gilbert Decoste, s’était alors fait rassurant en expliquant que les données personnelles n’avaient pas été compromises.
« MENTEUR »
« Nous pouvons vous rassurer quant à la protection de vos données personnelles, avait soutenu M. Decoste. Comme nous ne sauvegardons aucun numéro de carte de crédit, il est impossible que les criminels aient pu les obtenir de notre site web. »
« De plus, disait-il, notre fournisseur nous rassure qu’aucune autre information confidentielle n’a été compromise. »
Toutefois, une brève note laissée par l’expéditeur anonyme dans l’envoi à notre Bureau d’enquête se moque de cette affirmation de Gilbert Decoste, le traitant même de « menteur ».
En février, le parti qui porte maintenant le nom Ensemble Montréal avait indiqué que les cyberattaques seraient survenues quelques jours avant l’élection du 5 novembre 2017.
Le parti avait déposé une plainte à la Sûreté du Québec et au Directeur général des élections. Au Québec, seuls le nom, le code postal du donateur et le montant du don sont rendus publics.
INQUIETS
Notre Bureau d’enquête a réussi à joindre suffisamment de donateurs visés par la fuite, de manière aléatoire, pour conclure que le vol de données était bel et bien sérieux.
Le nom de Jean-pierre Léger, l’ancien patron des Rôtisseries St-hubert, est sur la liste. Il s’est dit inquiet de la masse d’informations accumulées sur lui pour un don d’à peine 5 $. « En général, tout ça est protégé », a-t-il commenté.
Laurent Mccutcheon, ex-président de l’organisme Gai Écoute, fait aussi partie des victimes, lui qui a donné 200 $ au parti de l’ancien maire Coderre en 2016. Il s’est dit estomaqué par les informations en notre possession. « Vous avez les bons renseignements », a-t-il dit au sujet de son numéro de carte de crédit.
Le publicitaire Yves Gougoux, d’ailleurs, nous a mentionné que sa carte de crédit avait été désactivée récemment en raison d’« activités frauduleuses » dont il ignore la source.
NOMBREUSES PERSONNALITÉS
La fuite touche plusieurs autres personnalités de premier plan du domaine des affaires, du monde culturel ou de la politique québécoise. Certains sont simplement devenus membres pour 5 $ lors d’un événement, alors que d’autres ont fait un don plus important.
Par exemple, les informations personnelles de l’homme d’affaires Alexandre Taillefer, du promoteur du Festival de jazz Alain Simard, du fondateur du Cirque du Soleil Guy Laliberté et du producteur Gilbert Rozon s’y trouvent, tout comme celles des ex-ministres libéraux Raymond Bachand et Monique Jérôme-forget.
On y trouve également l’actuelle ministre libérale Marie Montpetit, l’ancienne plongeuse Sylvie Bernier, la directrice du Musée des beaux-arts de Montréal Nathalie Bondil, le patron du CUSM Normand Rinfret, Serge Sasseville, VP de Québecor, ainsi que Peter Kruyt, VP de Power Corporation, pour ne nommer que ceux-là.
On y aperçoit aussi une brochette de promoteurs immobiliers et d’avocats bien en vue à Montréal.