Winnie Mandela s’éteint après une vie de combat
Une pluie d’hommages pour l’égérie sud-africaine controversée de la lutte contre l’apartheid décédée à 81 ans
JOHANNESBURG | (AFP) Winnie Mandela, l’ex-épouse du premier président sud-africain noir Nelson Mandela et héroïne de la lutte contre l’apartheid, est décédée hier à l’âge de 81 ans, suscitant une pluie d’hommages pour une « mère de la nation » au parcours très controversé.
Le couple qu’elle a formé avec Nelson Mandela pendant plus de 30 ans personnifiait le combat acharné contre le régime raciste. Mais la réputation de celle que le peuple sud-africain appelait « Winnie » a été ternie par plusieurs dérapages politiques et des affaires de corruption.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, patron du Congrès national africain (ANC) à la pointe de la lutte antiapartheid, a salué la mémoire de cette « voix du défi et de la résistance ».
La nation lui rendra hommage lors d’obsèques officielles le 14 avril, a-t-il annoncé après s’être rendu à son domicile dans le township de Soweto.
« SYMBOLE MAJEUR »
Le Prix Nobel de la paix Desmond Tutu a rendu hommage à un « symbole majeur » du combat contre le régime ségrégationniste. Winnie « a refusé de céder face à l’incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par les forces de sécurité […]. Son attitude de défi m’a profondément inspiré, ainsi que des générations de militants », a déclaré l’ex-archevêque anglican.
« Tous les Sud-africains sont redevables à Mama Winnie », a réagi la Fondation Nelson Mandela. Elle représentait « la lumière qui nous a montré le chemin à tant d’entre nous », a estimé le chef de l’opposition sud-africaine, Mmusi Mainane.
C’est en 1958 que la flamboyante jeune femme au caractère trempé épouse Nelson Mandela. Mais, très vite, le couple est séparé par les activités politiques du mari, condamné en 1964 à la prison à perpétuité.
FRASQUES
Pendant ses 27 années de prison, Winnie résiste aux persécutions incessantes du régime raciste et devient l’égérie de la lutte antiapartheid.
Les lois imposant la ségrégation entre les Noirs et les Blancs sont finalement abolies en 1991.
En 1994, c’est la consécration pour Nelson Mandela et son épouse. Lui devient le premier président noir d’afrique du Sud, elle entre dans le gouvernement.
Les frasques de Winnie, son discours violent et les accusations de meurtre portées contre ses gardes du corps l’éloignent de son époux. Le couple divorce en 1996.
En 1998, la Commission vérité et réconciliation l’avait déclarée « coupable politiquement et moralement des énormes violations des droits de l’homme » commises par sa garde rapprochée.