Le Journal de Quebec

Plus d’une année sans rétroactio­n

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Quand Kevin (nom fictif) a envoyé son mémoire de maîtrise à son directeur à la fin de l’été, celui-ci a refusé de l’approuver, en raison du contenu. Le hic : ce même directeur ne lui avait donné aucune rétroactio­n depuis plus d’un an.

Kevin étudie à la maîtrise dans un domaine de la santé. Il préfère garder l’anonymat, car il n’a pas encore terminé la version finale de son mémoire.

« C’est un trou vraiment triste dans ma vie », raconte le jeune homme de 27 ans. En presque deux ans, son directeur n’a assisté à aucune des réunions hebdomadai­res réunissant tous les étudiants qu’il dirigeait, affirme-t-il.

Kevin n’est pas le seul à s’être senti abandonné par ce chercheur. Une autre étudiante a raconté au Journal avoir passé plusieurs mois sans rétroactio­n du même directeur.

« VA VOIR L’AUTRE »

Devant le peu d’encadremen­t reçu, Kevin avait pris l’habitude de demander de l’aide à un clinicien de l’hôpital où il menait sa recherche afin d’avancer son mémoire.

« Mon directeur ne savait pas ce que je faisais, c’était flou pour lui. Et comme il était très occupé, il me disait tout le temps : “va voir l’autre”. »

En raison de retards répétés dans l’installati­on d’une machine utilisée dans le traitement du cancer, il a dû changer de projet en cours de route, explique-t-il.

Au printemps dernier, Kevin a présenté ses résultats de recherche devant tout le départemen­t concerné du centre hospitalie­r. Son directeur ne s’est pas présenté, affirme-t-il.

Il devait ensuite rédiger le gros de son mémoire au courant de l’été, chose qu’il a faite malgré la fatigue et le manque de motivation. « Ç’a été le plus long été de ma vie. Je ne m’étais jamais senti comme ça. »

Il ne sait pas s’il a souffert d’épuisement profession­nel, mais croit « être passé proche ».

« TU ME NIAISES ? »

À la fin de l’été, il a envoyé son mémoire à son directeur. Étonné de voir que le projet n’avait plus grand-chose à voir avec l’original, le directeur a refusé d’approuver le dépôt, raconte Kevin.

« Tu me niaises ? » se souvient-il avoir réagi. Cette volteface a fait en sorte de rallonger encore son parcours d’une autre session. Sa maîtrise lui aura finalement pris trois ans et demi au lieu de deux.

Le jury qui évaluait son mémoire lui a imposé des correction­s majeures à effectuer, dont une grande partie aurait pu être évitée s’il avait été orienté adéquateme­nt, estime-t-il.

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