Des Québécois auraient fraudé pour plus de 10 millions $ US
Trois Québécois font face à l’extradition aux États-unis, où ils sont accusés d’avoir fraudé plus de 10 millions $ à des petits commerces, des églises et même des organismes sans but lucratif. « Un jardinier a payé 36 000 $ US sur deux ans. [Les fraudeurs] le harcelaient et le menaçaient de faire appel à une agence de recouvrement et de le faire arrêter s’il ne payait pas », indique un procureur du district nord de la Californie, dans sa demande d’extradition.
Tolga Suatac, Michelle Perna et Robert Mancini, des Montréalais âgés de 45 à 53 ans, sont accusés aux États-Unis d’une fraude de type « annuaire ». De 2009 à 2014, ils auraient fait « des milliers » de victimes, expliquent les autorités américaines dans la demande d’extradition déposée au palais de justice de Montréal.
HARCÈLEMENT
« Leur plan consistait à envoyer de fausses factures à des compagnies indiquant qu’ils devaient effectuer un paiement pour des services décrits comme des “fiches d’entreprises” », indique le document de cour, ajoutant que ceux qui refusaient de payer se faisaient menacer de conséquences légales.
Parfois, les fraudeurs présumés attendaient des mois avant d’appeler les victimes, afin de réclamer des intérêts. Selon les documents de cour, les trois fraudeurs présumés auraient sévi à travers tous les États-unis.
Une employée d’une petite entreprise en Floride se souvient qu’à partir de 2011, elle a commencé à recevoir de nombreuses factures pour de prétendus services de placement dans des annuaires téléphoniques.
PAYER PAR PEUR
Les appels intimidants se seraient multipliés, de même que les menaces de faire appel à une agence de recouvrement.
« Elle a fini par payer, de peur que cela affecte la cote de crédit de l’entreprise », indique le document de cour.
Une employée d’un gymnase du Maine explique de son côté avoir payé les fraudeurs, même si elle se doutait que sa compagnie ne leur devait rien, de peur que cela nuise à ses affaires. La veuve d’un dentiste californien a elle aussi payé les fraudeurs à coups de centaines de dollars.
EXTRADITION
« Les paiements étaient envoyés dans des cases postales aux États-unis, pour ensuite être acheminés au Canada », peut-on lire dans la demande d’extradition. Les comptes en banque du groupe de criminels, ouverts par des prête-noms, totaliseraient plus de 10 millions $ US, selon les enquêteurs américains.
Suatac, Perna et Mancini reviendront devant la Cour supérieure du Québec d’ici les prochaines semaines, pour la suite des procédures d’extradition.
Dans ce genre de dossiers, les accusés coupables s’exposent à des peines maximales dépassant les 20 ans de pénitencier.