Le Journal de Quebec

Félicitati­ons Carey !

- JOSÉ THÉODORE jose.theodore@quebecorme­dia.com

J’ai critiqué Carey Price à plusieurs reprises cette saison, mais si j’étais en face de lui, je lui serrerais la main et je le félicitera­is pour avoir rejoint Jacques Plante avec 556 parties jouées devant le filet du Canadien. C’est tout un exploit.

On me demande souvent si être le gardien du Canadien est le travail le plus exigeant dans le hockey. J’ai joué avec le Tricolore, l’avalanche, le Wild, les Capitals ainsi que les Panthers et je peux vous en parler avec une certaine perspectiv­e.

Protéger le filet du Canadien pendant deux ou trois ans est une chose, mais le faire pendant 10 ou 11 ans comme Price en est une autre. À long terme, je vous affirme que c’est le travail le plus exigeant dans le hockey. J’ai joué à Montréal pendant huit ans, dont cinq ou six comme gardien numéro un. La pression augmente avec les années et ce n’est pas comme ailleurs. Le Canadien est une organisati­on prestigieu­se, populaire et très médiatisée.

Lorsque tu es jeune, il n’y a pas d’attentes. Chaque victoire est un boni. Puis, tu commences à t’affirmer et les gens t’aiment. Lorsque tu réalises quelque chose d’exceptionn­el, tu es adoré, mais à partir de ce moment, les attentes deviennent énormes. Si tu ne répètes pas tes exploits, la pression augmente et dans ce contexte, ça devient encore plus difficile de les répéter.

Les critiques se mettent de la partie, tu te mets de la pression et tout à coup, tu entres dans un cercle vicieux. Plus tu t’ajoutes de la pression, moins tu performes. Tu vis des crises et tout à coup, un Jaroslav Halak complique les choses.

Je considère la mauvaise saison de Price comme une erreur de parcours, mais c’est quand même ironique de constater qu’après 556 matchs, sa cote de popularité soit à son plus bas. Après 556 matchs avec le Canadien, Jacques Plante était à couteaux tirés avec son entraîneur, Toe Blake, et il a été échangé aux Rangers de New York.

Après 551 matchs à Montréal, Patrick Roy a levé les bras au ciel et il a pris la direction du Colorado. Ken Dryden a pris sa retraite après 258 matchs. J’ai été échangé au Colorado après 353 matchs.

Jouer plus de 10 ans avec la même équipe est exceptionn­el et c’est encore plus difficile à Montréal. Comme Price est sous contrat pour les huit prochaines saisons, il va se retrouver dans une classe à part pour le nombre de matchs joués par un gardien de but du Tricolore. Bravo !

Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il gagne les trophées Hart ou Vézina chaque année, mais je crois sincèremen­t qu’il va connaître quelques bonnes saisons en espérant qu’il sera mieux entouré. Je ne connais pas beaucoup de gardiens qui auraient emmené cette équipe-là en séries éliminatoi­res cette saison.

Être gardien du Canadien est le travail le plus exigeant dans le hockey

LA BONNE DÉCISION

Chose certaine, Price a pris la bonne décision en refusant de représente­r le Canada au Championna­t du monde. C’est ce que je vous avais d’ailleurs prédit la semaine dernière.

Price a besoin de faire le vide après cette difficile saison. Il est brûlé mentalemen­t. La saison a commencé tout croche avec des histoires sur sa vie personnell­e, son manque d’énergie et ses performanc­es atroces. De plus, il a été blessé deux fois.

À la lumière de son comporteme­nt, Price n’a pas eu beaucoup de plaisir en 2017-2018. Il doit prendre soin de son corps de 31 ans et arriver en pleine forme au camp d’entraîneme­nt.

Vivement les vacances pour Carey! Reviens-nous gonflé à bloc la saison prochaine. Le Canadien et ses partisans ont besoin du vrai Carey Price. – Propos recueillis

par Gilles Moffet

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