Le Journal de Quebec

La crise des opioïdes épargne le Québec pour le moment

Le nombre de surdoses mortelles dans la province est stable comparé au reste du pays

- CAMILLE GARNIER

Même si près de 200 personnes sont mortes d’une surdose lors de la deuxième moitié de 2017, les autorités estiment que la crise des opioïdes qui fait des ravages dans l’ouest du Canada n’a pas encore atteint le Québec.

« On exerce une vigilance, mais il n’y a pas d’indication que nous soyons en crise à l’échelle de la province », avance Éric Langlois, conseiller scientifiq­ue à l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Selon des données encore provisoire­s de L’INSPQ, 181 personnes seraient décédées d’une surdose entre juillet et décembre 2017.

STABILITÉ

De ce nombre, on compterait pour l’instant 87 décès liés à la consommati­on d’opioïdes, contre 90 sur la même période en 2016.

« Ce qu’on constate, c’est que le nombre de décès dû aux surdoses paraît stable d’un mois à l’autre, du moins sur la période étudiée », commente Éric Langlois.

Le fentanyl, cette puissante drogue, était en cause dans environ 20 % des décès dus aux opioïdes au Québec en 2016, un chiffre qui semble se confirmer d’après les premières données disponible­s pour la seconde moitié de l’année dernière.

À titre de comparaiso­n, on estime que de janvier à septembre 2017, le fentanyl et ses analogues étaient en cause dans 72 % des surdoses liées aux opioïdes au Canada.

« Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent expliquer la présence plus marquée du fentanyl à l’ouest que chez nous, indique la Dre Carole Morissette, membre du Groupe montréalai­s de vigie des surdoses. Certains évoquent la proximité de l’asie par rapport à l’ouest canadien ou les dynamiques du marché noir qui laisseraie­nt moins de place pour le fentanyl ici. »

UNE ACCALMIE

Du côté d’urgences-santé, après une hausse du nombre de cas de surdoses l’an dernier, on observe depuis quelques mois une certaine accalmie.

Alors que les paramédics effectuaie­nt en moyenne une vingtaine d’interventi­ons par mois dans la région de Montréal à l’automne dernier, ils n’en ont recensé que quatre le mois passé.

« On reste attentifs, car on sait que l’arrivée de la période estivale peut entraîner une hausse des surdoses, affirme Benoit Garneau, chef aux opérations chez Urgences-santé. C’est ce qu’on a connu à la fin de l’été dernier. »

PRIS AU SÉRIEUX ?

Malgré ces déclaratio­ns de bonnes intentions, le directeur de l’associatio­n québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatri­ces de drogues, Jean-françois Mary, estime que le Québec ne prend pas encore la mesure du problème.

« On pourrait s’attendre à ce que l’on soit mieux préparé étant donné que l’on n’est pas la province la plus touchée pour l’instant et qu’on sait que la crise s’en vient, explique-til. Le plan d’action provincial de lutte contre les opioïdes n’est toujours pas prêt. Je sens une certaine indifféren­ce envers les utilisateu­rs de drogue. Si une autre partie de la population mourait au même rythme, la mobilisati­on serait bien plus importante. »

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PHOTO D’ARCHIVES Si le fentanyl, cet opioïde surpuissan­t, cause jusqu’ici moins de dommages au Québec que dans l’ouest canadien, les autorités se disent vigilantes, particuliè­rement en vue de la période estivale qui est souvent accompagné­e d’une hausse...
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BENOIT GARNEAU Urgences-santé

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