Le Journal de Quebec

Ras le bol de l’islam

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

Misère. Le port des signes religieux par les policiers et la candidatur­e d’une Québécoise musulmane voilée pour Québec solidaire ont ravivé le débat sur la place de la religion dans notre société. Mes collègues chroniqueu­rs ont analysé ces nouvelles, comme il se doit.

Et comme il se doit aussi, sans tenir des propos xénophobes, racistes ou anti-musulmans.

Le fossé entre journalist­es francophon­es et anglophone­s au sujet de l’islam politique, et même de son existence ici, grandit

NICKEL

Comme il fallait s’y attendre, tous appuient l’interdicti­on de signes religieux pour des personnes en autorité, mais personne n’a remis en question le droit des personnes qui portent un signe religieux de se présenter aux élections. C’est fondamenta­l en démocratie : seuls les électeurs peuvent décider. Pas la meute des enragés.

J’ai suivi les débats subséquent­s sur les réseaux sociaux. La « pensée » des ignares racistes était représenté­e par quelques centaines de commentair­es du genre « nous sommes envahis », « adieu notre identité », « dégagez », « les musulmanes aiment se faire battre », etc.

Sans compter tous ceux qui croient, à tort, que « laïcité » signifie « interdicti­on de religion en public » alors qu’en séparant le politique et le religieux, l’état et l’église, la laïcité garantit plutôt la liberté de conscience.

Si la France interdit le niqab en public, c’est au nom de la sécurité, pas de la laïcité.

CHANGER DE DISQUE

Un jour, j’ai décidé de ne plus écrire sur Israël. J’alimentais les antisémite­s derrière le paravent de l’antisionis­me. Et puis, 3000 ans d’histoire, c’est compliqué en 500 mots.

Je pense parfois abandonner le sujet de l’islamisme que j’étudie pourtant depuis 20 ans. Dans ma bibliothèq­ue, il y a de tout, Edward Saïd, Bernard Lewis, Gilles Kepel, Noam Chomsky, Sayyid Qutb et même Voltaire.

Sans oublier les Québécois Djemila Benhabib et Fabrice de Pierrebour­g.

Mais chaque fois que je m’avance sur ce terrain, même sur la pointe des pieds, j’ai l’impression de nourrir les esprits chagrin, mesquins et ti-clins qui mélangent tout, religion, immigratio­n, hijab, terrorisme, musulmans et islamistes.

Tous les islamistes sont musulmans, mais tous les musulmans ne sont pas des islamistes. Me semble que c’est facile à comprendre ?

De plus, les islamistes instrument­alisent cette confusion pour créer un sentiment de victimisat­ion chez les musulmans « ordinaires ».

J’ai un gros ras-le-bol.

LES ANGLOS

Samedi, un collègue de The Gazette a twitté un message suggérant que je suis raciste parce que j’ai écrit qu’ève Torres de Québec solidaire, qui porte le hijab, ne voulait pas entrer à l’assemblée nationale pour accélérer le service à l’urgence ou réparer les routes.

Le fossé entre journalist­es francophon­es et anglophone­s au sujet de l’islam politique, et même de son existence ici, grandit.

Persuadés de la supériorit­é du multicultu­ralisme sur la laïcité républicai­ne pour défendre les libertés individuel­les, ils font peu d’efforts pour comprendre le point de vue des francophon­es, préférant paresseuse­ment cocher la case « raciste » pour le décrire.

Pour eux, un hijab est un bout de tissu et le niqab, un vêtement, point. Y voir, chez certaines, un symbole politique, relèverait de l’exclusion et du mépris.

Comme m’a répondu un collègue que j’aime bien à qui j’expliquais qu’une école des Frères musulmans voilait les fillettes du primaire, « so what ?»

Ben oui, so what ?

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Ève Torres de Québec solidaire

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