Le Journal de Quebec

Ottawa va forcer les entreprise­s à divulguer les vols

- PHILIPPE ORFALI

Pressé d’agir par le milieu de la cybersécur­ité, Ottawa va forcer les entreprise­s à divulguer toute atteinte à la protection de leurs données, dès novembre, sous peine d’amendes salées.

Alors que quelque 622 000 utilisateu­rs canadiens de Facebook ont vu leurs données subtilisée­s récemment, Ottawa serre la vis contre les entreprise­s victimes de piratage.

Dans la plus grande discrétion, la semaine dernière, le gouverneme­nt Trudeau a annoncé l’entrée en vigueur au 1er novembre de nouvelles règles pour les entreprise­s.

Toutes celles qui « possèdent, utilisent ou hébergent » des données personnell­es appartenan­t à des citoyens canadiens auront désormais l’obligation d’informer les personnes concernées si la sécurité de leurs données personnell­es est compromise, explique-t-on.

Ces sociétés seront également forcées d’informer le Commissair­e fédéral à la protection du droit à la vie privée.

Celles qui omettent de le faire s’exposent à des pénalités financière­s de 10 000 à 100 000 $ par infraction, confirme Ottawa.

Dans le cas de Facebook, l’amende pourrait théoriquem­ent s’élever de 622 M$ à… 62 G$, confirme le porte-parole du ministre de l’innovation Navdeep Bains, Karl Sasseville. Ce sont les tribunaux qui fixeront la valeur précise de la peine.

ADOPTÉE SOUS LES CONSERVATE­URS

Ces mesures ne découlent pas des nombreux scandales de vols de renseignem­ents comme ceux de Facebook et d’equifax, précise-t-il.

La loi fédérale prévoyant ces mesures a été adoptée sous l’ancien gouverneme­nt conservate­ur, mais plusieurs étapes devaient être franchies avant l’implantati­on des mesures. C’est ce qui explique qu’elles n’entreront en vigueur qu’en novembre prochain, selon M. Sasseville.

Pour l’expert en sécurité Gabriel Tremblay, PDG de Delve Labs, la mesure adoptée par Ottawa constitue un pas dans la bonne direction. Cela fait longtemps qu’il réclame des mesures pour forcer le milieu des affaires à divulguer les brèches de sécurité.

« C’est un bon début. Pour les entreprise­s qui captent les données, c’est un changement important », dit-il.

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