Au-delà des clichés
Comment je suis devenu musulman aborde plusieurs thèmes
Présentée au Théâtre La Licorne, l’amusante comédie Comment je suis devenu musulman fait rire à profusion tout en n’étant pas aussi unidimensionnelle qu’elle ne laisse paraître à première vue.
La pièce véhicule certes des clichés avec des parents immigrés musulmans, contrôlants et impulsifs, pour qui la famille est primordiale face à un jeune homme québécois indécis au grand coeur, issu de parents séparés. Toutefois, l’auteur Simon Boudreault réussit à aller plus loin que le choc des cultures annoncé dans le synopsis, soit le désir de parents marocains de voir leur fille se marier traditionnellement avec un Québécois athée avec qui elle attend un enfant.
En écorchant à la fois le catholicisme et l’islam, celui qui assure aussi la mise en scène du spectacle montre que les temps changent, tant pour les Québécois de souche que pour l’immigrant qui devient un étranger aussi bien dans son pays d’adoption que dans celui qu’il a quitté il y a longtemps.
La pièce aborde aussi habilement d’autres thèmes comme celui de la maladie et la mort avec la mère québécoise atteinte du cancer. L’auteur transforme ainsi ce sujet lourd en moments hilarants, que ce soit pour les arrangements funéraires ou par le port d’un foulard sur la tête de la cancéreuse qui se fait ainsi confondre pour une musulmane pratiquante.
SOLIDE DISTRIBUTION
La distribution est extrêmement solide, avec des comédiens qui amènent chacun une sensibilité particulière. Il en résulte un bel équilibre entre les personnages qui s’opposent non seulement d’une famille à l’autre, mais aussi au sein du même clan. Ces incompréhensions et ces points de tension sont souvent déliés par de l’humour bien placé, parfois même complètement givré.
Les très nombreuses scènes se succèdent à un rythme d’enfer, notamment avec des boucles et des retours en arrière, ce qui ne donne aucun temps mort, même si on a parfois l’impression que le metteur en scène a voulu un peu trop en mettre.
Avec un humour omniprésent qui ne tombe pas démesurément dans la facilité, cette production constitue donc un excellent divertissement grand public, en abordant un sujet délicat, la relation entre les Québécois d’origine et des immigrés musulmans.