Mettre fin aux images de jambon
Andre Agassi l’a dit dans une publicité : l’image est tout ce qui compte. Et Justin Trudeau en fait une démonstration frappante.
Ça joue dans les deux sens. Et les trois gros Mexicains qui ont affronté les poids lourds de Camille Estephan ont offert une image désolante tant à la pesée que pendant les combats, samedi soir au Centre Vidéotron.
L’image est tellement forte que plusieurs amateurs de boxe ont oublié que Vincent Thibault, Mathieu Germain et plusieurs autres boxeurs ont été impliqués dans des combats palpitants.
Mais les gens se souviennent de la graisse. La maudite graisse contre laquelle ils luttent déjà à longueur d’année.
Camille Estephan n’a pas apprécié lui non plus. Et dès hier matin, il était déjà affairé à régler un problème qui risque de devenir embêtant pour ses compagnies de promotion. Voyez-vous, Estephan, avec Eye of The Tiger Management (EOTTM) et Interbox, a déjà 16 boxeurs sous contrat. Et un 17e sera confirmé bientôt. En plus, une dizaine d’entre eux ont déjà dépassé le stade de débutants.
ÉNORME DÉFI
Quand on prépare deux galas de 20 combats en sept jours comme ce fut le cas au Casino et à Québec, il faut trouver une vingtaine de boxeurs à l’étranger. Cette fois-ci, on est allé puiser dans les riches réserves du Mexique. Depuis des années, les Mexicains viennent faire leur travail au Québec. Ils sont batailleurs, courageux et fiers. Ils ne viennent pas se coucher. D’ailleurs, Ignacio Esparza, l’adversaire de Simon Kean, a offert une bien meilleure performance que son tour de taille ne le laissait entrevoir. Mais l’image était quand même catastrophique.
Estephan n’était pas content après le gala.
« Je ne blâme pas notre matchmaker Stéphane Loyer mais il faudra à l’avenir enquêter davantage sur les boxeurs qu’on embauche. Recevoir des photos et des vidéos récentes. Curieusement, nous avons été souvent accusés d’offrir des adversaires trop dangereux pour nos protégés. Je tiens à rappeler que les boxeurs mexicains des deux derniers galas ont fait de leur mieux. Mais que peut-on faire quand on a des athlètes surdoués qui sont limités pour l’instant à des quatre ou six rounds ? » de souligner Estephan.
FUSION À VENIR
Un premier élément de solution va être appliqué. Interbox, rachetée par EOTTM il y a deux ans va fusionner avec la maison-mère. Et Antonin Décarie, président d’interbox, va devenir le directeur général de la nouvelle entité.
« Antonin a une belle carrière, il connaît tous les secrets de la boxe et il va être un filtre important pour empêcher l’embauche de boxeurs qui ne donneront pas satisfaction aux fans », a dit Estephan hier, après avoir passé la journée « à se regarder dans le miroir » pour faire son autocritique et trouver des pistes de solution.
Décarie va mener la boxe et Estephan va s’occuper de toutes les négociations avec les fédérations, les édifices, les réseaux de télévision et le reste.
On peut espérer que Christian de la Cruz, 288 livres sur 5 pieds et 9 pouces, devra se battre chez les mi-lourds quand il va revenir à Montréal.
Par ailleurs, Michel Hamelin, le patron de la Régie des alcools, des courses et des jeux, devra analyser certaines fiches comme il l’avait fait avec Artur Beterbiev. Par exemple, Arslanbek Makhmudov est un véritable monstre de force brutale, de technique et d’expérience chez les amateurs. Il n’y a pas un poids lourd au monde qui va venir se faire démolir dans un combat de quatre rounds. Même chose pour Sadriddin Akhmedov, le dernier Kazakh d’anna Reva. Il est champion du monde junior et compte sur plus de 300 combats amateurs. Pensez-vous qu’un brave Mexicain du Jalisco peut lui faire peur ?
De toute façon, comment et où trouver des adversaires pour ces surdoués ? Ça devient un problème de riche pour Estephan.
GRANDE SATISFACTION
Dans l’ensemble, les gens impliqués dans le gala du Centre Vidéotron étaient satisfaits de la soirée. Martin Tremblay, radieux, a pu montrer son amphithéâtre sous son meilleur angle, Serge Fortin, de TVA Sports, a présenté trois bons combats sur quatre et Estephan a vendu 4216 billets. C’est plus que pour certains galas impliquant des combats de championnat du monde au même Centre Vidéotron.
Quant à la difficulté de trouver des adversaires dangereux pour les boxeurs D’EOTTM, on a montré qu’elle était réelle samedi soir. Or, Estephan prévoit des galas le 26 mai, le 16 juin et le 23 juin. C’est 30 combats à préparer. Trente adversaires à dénicher au Mexique, en Hongrie, en Pologne, en Allemagne ou ailleurs. C’est un énorme défi.
Un beau problème de riche.