Le Journal de Quebec

Deux murs légaux pour les graffitis

Projet pilote d’un an dans Saint-roch et Saint-sauveur

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Douze ans après avoir enlevé aux graffiteur­s leurs murs légaux, la Ville de Québec va renouer avec le concept cet été dans l’espoir de réduire la proliférat­ion des graffitis au centre-ville.

Le conseil d’arrondisse­ment de La CitéLimoil­ou vient de donner le feu vert à un projet pilote d’une durée d’un an qui débutera le 1er mai prochain.

UNE ALTERNATIV­E

L’objectif : offrir une « alternativ­e légale » aux graffiteur­s qui sévissent de plus en plus dans les quartiers centraux.

Deux murs légaux ont été désignés : la clôture bleue qui ceinture le stade au parc Victoria près du skatepark et le mur de soutènemen­t du boulevard Charest Ouest au parc Dollard-des Ormeaux, à l’angle de la rue de Verdun.

Ces lieux ont été sélectionn­és parce qu’ils étaient « déjà passableme­nt vandalisés et très fréquentés par les graffiteur­s », a indiqué au Journal Véronique Pressé, conseillèr­e en culture, loisirs et vie communauta­ire à la Ville de Québec.

Certaines heures d’utilisatio­n devront toutefois être respectées et les contenus haineux ne seront pas tolérés, a-t-elle précisé.

NÉGOCIATIO­NS POUR L’ÎLOT FLEURIE

Un troisième mur légal pourrait aussi voir le jour à l’îlot Fleurie, sous les bretelles de l’autoroute Dufferin-montmorenc­y.

Des discussion­s sont en cours avec le ministère des Transports, propriétai­re des lieux.

C’est dans ce même secteur que les graffiteur­s ont déjà pu exprimer leur talent en toute légalité entre 1996 et 2006. On y trouve aussi des fresques permanente­s sur certains piliers de l’autoroute.

Des travaux majeurs à cet endroit avaient cependant sonné le glas du mur légal, relégué ensuite aux oubliettes. Certaines tentatives pour réactiver le projet ont échoué dans les dernières années, notamment au parc Lucien-borne.

VALORISER L’ART URBAIN

Le mur légal fait partie d’une série de mesures contenues dans le « Plan de gestion des graffitis 2017-2020 », adopté par les élus municipaux.

La méthode semble porter ses fruits, selon l’expérience passée à Québec et dans les autres villes qui ont choisi cette voie.

« À Gatineau, ils en ont une cinquantai­ne, à Montréal ils en ont quatre d’importance, Longueuil bientôt deux. Ce qu’on voit, c’est que ça vient encadrer et concentrer le phénomène dans des lieux identifiés et ça réduit la proliférat­ion dans les autres lieux qui ne le sont pas. Et ça vient montrer le beau côté du graffiti parce que c’est une forme d’art urbain », a fait valoir Mme Pressé.

Le phénomène des graffitis illégaux a pris de l’ampleur à Québec dans les dernières années.

La surface à nettoyer au centre-ville, uniquement pour ce qui est des propriétés privées, est passée de 77 338 pieds carrés en 2016 à 88 487 pieds carrés en 2017.

 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Les graffiteur­s de Québec pourront désormais s’exprimer en toute légalité sur deux murs mis à leur dispositio­n par la Ville, notamment celui du parc Dollard-des Ormeaux, à l’extrémité du terrain de baseball.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Les graffiteur­s de Québec pourront désormais s’exprimer en toute légalité sur deux murs mis à leur dispositio­n par la Ville, notamment celui du parc Dollard-des Ormeaux, à l’extrémité du terrain de baseball.

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