Le Journal de Quebec

Pas de conflit majeur à l’horizon

- VINCENT LARIN

Les chances qu’un conflit majeur éclate entre la Russie et les États-unis sont minces, estiment des experts qui croient que les frappes de vendredi en Syrie font davantage partie d’une opération relations publiques plutôt que d’une réelle stratégie militaire.

« C’est du spectacle pour l’opinion publique », lance le professeur d’histoire des relations internatio­nales à l’université de Montréal (Udem), Samir Saul.

Selon lui, tant et aussi longtemps que les Américains vont éviter de frapper directemen­t les positions russes ou syriennes, le conflit ne risque pas de s’envenimer.

« Et ils ne sont pas prêts à aller en conflit ouvert avec la Russie qui possède des armes de destructio­n massive », ajoute-t-il.

DÉCISION INEXPLICAB­LE

Alors, pourquoi Donald Trump et ses alliés ont-ils décidé de bombarder en Syrie, se questionne l’ancien conseiller politique de Stéphane Dion, Jocelyn Coulon.

« En frappant comme ça, on se retrouve à continuer le conflit plutôt que d’essayer de le terminer », explique le chercheur au Centre d’études et de recherche internatio­nales de l’udem.

Selon lui, les Américains sont surtout frustrés de n’avoir plus d’emprise sur le conflit syrien depuis l’entrée en jeu de l’iran et de la Russie qui soutiennen­t le régime du dictateur Bachar al-assad.

« Ils veulent montrer au monde qu’ils peuvent compter, mais en même temps le peuple américain s’en fout pas mal », explique-t-il.

Mais le prétexte officiel des frappes ciblées de punir le régime syrien pour l’utilisatio­n d’armes chimiques tient la route, estime de son côté le chercheur en résidence à la Chaire Raoul-dandurand de l’université du Québec à Montréal Vincent Boucher.

« Il n’y a aucune victime officielle de ce qu’on sait jusqu’à présent, donc on peut croire que c’était vraiment pour dissuader Bachar al-assad d’utiliser à nouveau des armes chimiques », indique-t-il.

ARMES CHIMIQUES

« Depuis le début de la campagne électorale, Donald Trump dit que son objectif est de combattre l’état islamique et d’ensuite retirer les troupes américaine­s en Syrie. Il ne semble pas avoir de volonté d’intervenir dans le conflit civil », ajoute Vincent Boucher.

Toujours est-il que les bombardeme­nts ciblés de vendredi risquent d’avoir peu d’impacts, dit-il, rappelant l’échec d’un accord pour démanteler l’arsenal chimique syrien passé en 2013 par Barack Obama avec le président russe Vladimir Poutine.

« Ce n’est pas en conduisant une seule frappe qu’on va le dissuader d’utiliser des armes chimiques », explique M. Boucher. Un avis partagé par ses deux collègues.

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