La Russie craint un chaos
Le bombardement occidental en Syrie divise la communauté internationale
De futures attaques occidentales en Syrie entraîneraient « inévitablement le chaos » au sein de la communauté internationale, prévient le président russe Vladimir Poutine, deux jours après les représailles conjointes des États-unis, de la France et du Royaume-uni.
La poussière est à peine retombée sur les trois sites frappés par une centaine de missiles occidentaux, dans la nuit du 13 au 14 avril, que les tractations diplomatiques se succèdent.
Moscou, allié indéfectible du régime syrien, a qualifié d’« action illégale » la frappe militaire. Le président de la Syrie Bachar al-assad est allé plus loin, accusant l’occident de mener une campagne de « mensonges et de tromperie ». Selon lui, son régime et la Russie mènent « une seule et même bataille, non seulement contre le terrorisme, mais aussi pour protéger le droit international fondé sur le respect de la souveraineté des États ».
MANIFESTATIONS
Des milliers de manifestants ont d’ailleurs protesté dans plusieurs villes en Irak, hier. « Cessez de détruire la Syrie comme vous avez détruit notre pays », a scandé une foule réunie à Bagdad, alors que des drapeaux américains étaient brûlés et des portraits de Donald Trump barrés d’une croix étaient brandis.
Les discussions sont au point fixe au conseil de sécurité de L’ONU, qui s’est réuni d’urgence samedi matin, quelques heures après le bombardement occidental. Une proposition russe visant à condamner cette « agression a été rejetée par plus de la moitié des 15 membres du conseil de sécurité, dont les trois pays instigateurs de la frappe.
Les États-unis, la France et le Royaume-uni ont conjointement soumis un projet de résolution pour la Syrie, qui sera discuté aujourd’hui, et qui comprend notamment la création d’un nouveau mécanisme d’enquête sur l’emploi d’armes chimiques.
Néanmoins, l’ambassadrice américaine à L’ONU, Nikki Haley, a annoncé que les ÉtatsUnis prendront aujourd’hui « des sanctions » à l’égard de la Russie, pointée du doigt pour son soutien envers le régime syrien.
ENQUÊTE INDÉPENDANTE
Les doutes persistent à l’international sur l’identité de l’auteur de l’attaque aux armes chimiques du 7 avril, à Douma, dans la Ghouta orientale, à la source de la riposte occidentale. Le régime syrien figure au banc des accusés, mais celui-ci se défend d’avoir agi en ce sens.
Une enquête indépendante de l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques a débuté hier, à Damas, pour faire la lumière sur l’attaque. Cette organisation internationale a pour mission de veiller à l’application de la Convention internationale sur les armes chimiques. Si elle a le mandat de juger si des armes chimiques ont bel et bien été utilisées, elle n’a cependant pas celui de pointer du doigt son auteur.
La guerre civile déchire la Syrie depuis 2011, alors que plus de 350000 personnes auraient perdu la vie, et plus de cinq millions ont fui le pays.