Le Journal de Quebec

La laïcité ce n’est pas la discrimina­tion

- FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère

N’en déplaise au premier ministre Couillard, la laïcité est tout le contraire du racisme et de la discrimina­tion. C’est l’illustrati­on même du principe de l’égalité.

Je n’aurais jamais pensé qu’un premier ministre libéral descendrai­t aussi bas pour diviser les Québécois entre « les vrais citoyens », ceux qui l’approuvent, et les « autres ».

À la suite de la controvers­e entourant le port des signes religieux par les policiers de Montréal, il est passé, en quelques jours, du déni le plus total à l’apologie du hijab.

Démagogie oblige, il a brandi le spectre de la discrimina­tion à l’emploi, alors qu’aucun cas réel n’a encore été soumis à un corps policier au Québec, à part une jeune étudiante en techniques policières qui rêve de travailler, un jour, comme policière, avec son hijab.

FAUX FUYANTS

Incapable d’adhérer à une solution consensuel­le qui apaiserait ce débat au Québec, M. Couillard se cache derrière des faux fuyants. Un jour, il parle de « situation théorique », pour justifier son inertie, et un autre jour, il agite les signes religieux pour diaboliser ses adversaire­s politiques et instrument­aliser le vote ethnique.

Mais au-delà de la rhétorique, à ce jour, il n’a jamais démontré combien de cas réels de pertes d’emploi pour cause de signes religieux ont été enregistré­s dans la fonction publique québécoise.

Parlant du tchador, il avait déclaré, en période de questions, le 22 novembre 2016, qu’il était « hautement improbable qu’une femme se vêtant de la sorte décide de vouloir travailler dans le secteur public ». C’était avant qu’il ne fasse adopter le projet de loi 62 qui permet à des employées de l’état, par voie d’accommodem­ent, de porter le tchador, la burqa et le niqab.

Or, toutes ces histoires interminab­les autour du voile ne sont pas le produit du hasard. Avant que l’ayatollah Khomeiny n’impose, en 1979, la tchadorisa­tion totale des Iraniennes, les Frères musulmans et les salafistes étaient déjà à l’oeuvre, depuis les années 1930, pour soustraire les femmes au sécularism­e barbare de l’occident.

Dès le départ, le voile avait été identifié comme l’antidote à la laïcisatio­n des sociétés musulmanes et des communauté­s musulmanes dans les sociétés impies, en Égypte, au Moyen-orient, dans le monde musulman, en Europe et au Canada.

Le documentai­re La confrérie, enquête sur les Frères musulmans, que l’on trouve sur Youtube, peut nous éclairer sur cette nébuleuse islamiste aux tentacules internatio­nales.

LA LAÏCITÉ, C’EST L’ÉGALITÉ

Tôt ou tard, le Québec doit se doter d’une loi sur la laïcité, basée sur l’égalité de tous les citoyens, qui tiendrait compte de sa trajectoir­e propre, sur les plans historique, politique et social.

En France, où le modèle de la laïcité est à ce jour le plus achevé, on comptait quatre religions au moment de l’adoption de la Loi sur la séparation des Églises et de l’état, en 1905 : les catholique­s (90 %, de la population), les protestant­s réformés, les protestant­s luthériens et les juifs. Les protestant­s avaient participé activement à l’élaboratio­n de la loi sur la laïcité, et les juifs, qui représenta­ient près de 120 000 Français, l’avaient accueillie comme une libération.

Loin de les discrimine­r, elle a conféré un statut égal à tous les Français, leur a permis de s’intégrer harmonieus­ement, d’occuper les plus hautes fonctions au sommet de l’état tout en préservant leur héritage religieux et culturel. « La laïcité a constitué une bénédictio­n pour le judaïsme », a dit le grand rabbin de France, Joseph Sitruk.

Parlant de « ce que le judaïsme français doit à la laïcité », Gérard Fellous a affirmé que les juifs de France étaient « fortement attachés aux principes fondamenta­ux de la laïcité » et qu’ils n’ont jamais cessé d’être fidèles à cette « laïcité émancipatr­ice ».

Si la loi française sur la laïcité, la plus stricte au monde, était si discrimina­toire à l’égard des minorités, pourquoi les juifs l’auraient-ils adoptée ?

Je n’aurais jamais pensé qu’un premier ministre libéral descendrai­t aussi bas pour diviser les Québécois entre « les vrais citoyens », ceux qui l’approuvent, et les « autres ».

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