Le Journal de Quebec

Netflix aurait truqué les chiffres des bonis

- FRANCIS HALIN

Netflix aurait truqué les objectifs de performanc­e de ses hauts dirigeants avec des bonis pour payer moins d’impôt, affirme le fonds de retraite de la Ville de Birmingham en Alabama qui l’attaque en cour, rapporte le Financial Times.

Aux États-unis, les sociétés publiques peuvent déduire de leur déclaratio­n de revenus au maximum 1 million $ en salaire par dirigeant. Après, pour avoir droit à d’autres déductions fiscales, il faut que l’argent gagné soit « basé sur la performanc­e », bref qu’il s’agisse de « vrais bonis ».

PLUIE DE MLLIONS $

Or, selon l’actionnair­e qui poursuit Netflix, le géant aurait fait pleuvoir des millions $ en bonis dans le seul but de faire gonfler ses déductions fiscales pour échapper au fisc américain.

C’est le Financial Times qui a révélé l’an dernier que les « objectifs » des trois dirigeants de la société estimés à 18,75 millions $... ressemblai­ent un peu trop aux 18,73 millions $ versés à la fin de l’année.

La City of Birmingham Relief and Retirement System derrière la poursuite n’a pas rendu nos appels hier. Au 30 juin 2017, ce fonds comptait plus de 7290 membres et des liquidités dépassant 1,3 milliard $, selon ses états financiers consultés.

UN PRÉCÉDENT ?

« Ça peut être grave, s’il y a une preuve de l’intention, ça ne serait pas juste de l’évitement fiscal, on passerait de l’autre côté de la barrière, c’est-à-dire “fraude fiscale” », prévient Marwah Rizqy, professeur­e de fiscalité à l’université de Sherbrooke.

Mme Rizqy insiste : il ne s’agit pour le moment que d’allégation­s. « Si ces faits sont avérés, Netflix va avoir des conséquenc­es fâcheuses non seulement au niveau de ses actionnair­es, mais aussi du fisc américain », partage-t-elle.

Pour le directeur général de l’institut de la confiance dans les organisati­ons, Donald Riendeau, Netflix n’est pas la seule à vouloir par tous les moyens payer moins d’impôt.

M. Riendeau déplore que le conseil d’administra­tion de la société ait pu faire partie du problème plutôt que de la solution. « Bravo à l’actionnair­e courageux », conclut l’avocat.

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