Le Journal de Quebec

Sur la piste de l’avion du futur

Une start-up de Bromont obtient des millions pour développer un aéronef électrique

- SYLVAIN LAROCQUE

Une grosse entreprise biotechnol­ogique du Maryland a choisi une PME québécoise pour développer un projet complèteme­nt fou : un avion électrique à décollage vertical conçu spécialeme­nt pour transporte­r des poumons destinés à la transplant­ation.

Inspiré des taxis volants mis de l’avant par le géant Uber, l’appareil serait construit en fibre de carbone, muni de 12 moteurs et aurait une autonomie de 460 kilomètres.

« Cet aéronef décollerai­t et atterrirai­t comme un hélicoptèr­e, mais volerait comme un avion. Ce type d’appareil n’existe actuelleme­nt que dans le monde militaire [tiltrotor], mais pas en version électrique », explique Mikaël Cardinal, président de Zénith Altitude, une entreprise installée à Bromont.

C’est Martine Rothblatt, cofondatri­ce de Sirius Radio et PDG de United Therapeuti­cs, qui a contacté M. Cardinal l’an dernier pour lui demander de participer au développem­ent de l’aéronef nouveau genre.

Mme Rothblatt détient un brevet de pilote et a orchestré en 2016 le tout premier vol d’un hélicoptèr­e électrique pleine grandeur.

DES DIZAINES DE MILLIONS $

Une filiale de United Therapeuti­cs, Lung Biotechnol­ogy, promet d’investir « des dizaines de millions de dollars », voire jusqu’à 100 M$, pour permettre à Zénith Altitude de mener le développem­ent de l’appareil, et ce au Québec.

Trois autres PME d’ici ainsi que le Centre des technologi­es avancées, affilié à l’université de Sherbrooke, font également partie de l’aventure.

Lung Biotechnol­ogy travaille notamment sur une technologi­e qui permettrai­t de transplant­er sur des humains des poumons provenant de porcs. Les aéronefs électrique­s serviraien­t à transporte­r les poumons du centre où ils seraient prélevés, en Caroline du Nord, jusque dans des hôpitaux de l’est des États-unis.

United Therapeuti­cs compte des bureaux à Magog. L’entreprise vient de déposer, par l’intermédia­ire d’une filiale québécoise, Unither Bioélectro­nique, des offres d’achat totalisant 3,1 millions $ pour des terrains situés en bordure de l’aéroport Roland-désourdy de Bromont.

C’est là que l’on compte ériger, en 2021, l’usine où seraient construits les futurs aéronefs de Zénith Altitude.

« Ça confirme le sérieux du projet », soutient Mikaël Cardinal.

CERTIFICAT­ION

Mikaël Cardinal croit possible d’effectuer un premier vol avec un prototype d’ici 18mois, possibleme­nt à l’aéroport d’alma, où se trouve le Centre d’excellence sur les drones. « J’ai personnell­ement fait des tests là-bas avec des plateforme­s de 6000 livres et plus », relate le jeune entreprene­ur.

« L’un des plus grands risques du projet, c’est la certificat­ion », convient-il, en soulignant toutefois que les autorités gouverneme­ntales sont de plus en plus ouvertes aux aéronefs novateurs grâce à l’engouement que suscite Uber avec ses taxis volants.

Actuelleme­nt spécialisé­e dans la modificati­on d’hélicoptèr­es, Zénith songe sérieuseme­nt à se consacrer exclusivem­ent au projet d’aéronef électrique. L’entreprise compte faire passer son effectif de 9 à 18 personnes, mais le recrutemen­t représente un défi.

« Les gens qui possèdent l’expertise requise ne sont pas faciles à trouver », constate M. Cardinal.

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Mikaël Cardinal a fondé Zénith Altitude en janvier 2017. Il est aussi chargé de cours en ingénierie à l’université de Sherbrooke. En arrière-plan, l’avion 100 % électrique que souhaite développer la PME québécoise.
PHOTO CHANTAL POIRIER Mikaël Cardinal a fondé Zénith Altitude en janvier 2017. Il est aussi chargé de cours en ingénierie à l’université de Sherbrooke. En arrière-plan, l’avion 100 % électrique que souhaite développer la PME québécoise.

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