Aide fédérale à des entreprises entachées de corruption
Un organisme reproche à EDC son manque de diligence raisonnable
Exportation et développement Canada est loin d’en faire assez pour que ses centaines de millions $ d’ottawa ne passent pas par les mains d’entreprises entachées de corruption, s’inquiète un organisme.
« C’est très inquiétant. Il y a clairement un problème », lance au Journal la porte-parole d’above Ground, Karen Hamilton, après la publication hier d’un rapport intitulé Anti-corruption and Export Development Canada.
« Chaque fois que des prêts D’EDC sont remboursés par des clients qui n’ont pas fait l’objet d’un filtrage anti-corruption adéquat, EDC risque de verser des dividendes au gouvernement canadien qui sont entachés de corruption », peut-on lire dans le document.
Jointe par Le Journal, la porte-parole D’EDC, Elise Dedekam, s’est refusée à tout commentaire. « Nous avons vu le rapport d’above Ground, mais n’allons pas aborder le sujet aujourd’hui. Si cela change, nous vous contacterons », a-t-elle dit par courriel.
Selon Above Ground, EDC est pourtant loin d’en faire assez pour s’assurer que l’argent fédéral prêté à des entreprises soit propre. L’organisme de la région d’ottawa exige plus de mordant à la Loi sur le développement des exportations.
« SÉRIEUX RISQUES DE CORRUPTION »
Above Ground ne comprend pas pourquoi des compagnies associées à de « sérieux risques de corruption » reçoivent toujours l’appui D’EDC au moment où on leur ferme la porte ailleurs dans le monde.
L’organisme note par exemple que depuis 2016, les équivalents D’EDC en Angleterre, en France et en Allemagne ont décidé d’arrêter de soutenir Airbus alors que la société d’état canadienne l’a financé l’an dernier (entre 750 millions $ et 1,5 milliard $).
Selon Above Ground, EDC a financé Airbus pour acheter des biens et/ou services de Goodrich Aerospace Canada au Royaume- Uni (entre 250 millions $ et 500 millions $) et de Pratt & Whitney Canada Cie aux PaysBas (entre 500 millions $ et 1 milliard $).
Snc-lavalin a aussi reçu un prêt évalué entre 100 millions $ et 250 millions $ le mois dernier même si ses filiales représentaient un risque « déraisonnablement élevé de participation à la corruption », déplore Above Ground.
L’EXEMPLE DE LA FAMILLE GUPTA
« Les procédures de diligence raisonnable D’EDC n’ont manifestement pas réussi à évaluer efficacement les risques posés par un prêt de 2014 à une société appartenant à la famille Gupta, basée en Afrique du Sud, pour l’achat d’un biréacteur de luxe Bombardier », dénonce aussi le rapport.
La porte-parole d’above Ground, Karen Hamilton, indique QU’EDC a aussi financé certaines sociétés qui ont acheté des produits Bombardier, comme Air Nostrum Líneas Aéreas del Mediterráneo, Grupo Empresarial Mariposa et Nordic Aviation Capital Designated Activity Company.