Le Journal de Quebec

Aide fédérale à des entreprise­s entachées de corruption

Un organisme reproche à EDC son manque de diligence raisonnabl­e

- FRANCIS HALIN

Exportatio­n et développem­ent Canada est loin d’en faire assez pour que ses centaines de millions $ d’ottawa ne passent pas par les mains d’entreprise­s entachées de corruption, s’inquiète un organisme.

« C’est très inquiétant. Il y a clairement un problème », lance au Journal la porte-parole d’above Ground, Karen Hamilton, après la publicatio­n hier d’un rapport intitulé Anti-corruption and Export Developmen­t Canada.

« Chaque fois que des prêts D’EDC sont remboursés par des clients qui n’ont pas fait l’objet d’un filtrage anti-corruption adéquat, EDC risque de verser des dividendes au gouverneme­nt canadien qui sont entachés de corruption », peut-on lire dans le document.

Jointe par Le Journal, la porte-parole D’EDC, Elise Dedekam, s’est refusée à tout commentair­e. « Nous avons vu le rapport d’above Ground, mais n’allons pas aborder le sujet aujourd’hui. Si cela change, nous vous contactero­ns », a-t-elle dit par courriel.

Selon Above Ground, EDC est pourtant loin d’en faire assez pour s’assurer que l’argent fédéral prêté à des entreprise­s soit propre. L’organisme de la région d’ottawa exige plus de mordant à la Loi sur le développem­ent des exportatio­ns.

« SÉRIEUX RISQUES DE CORRUPTION »

Above Ground ne comprend pas pourquoi des compagnies associées à de « sérieux risques de corruption » reçoivent toujours l’appui D’EDC au moment où on leur ferme la porte ailleurs dans le monde.

L’organisme note par exemple que depuis 2016, les équivalent­s D’EDC en Angleterre, en France et en Allemagne ont décidé d’arrêter de soutenir Airbus alors que la société d’état canadienne l’a financé l’an dernier (entre 750 millions $ et 1,5 milliard $).

Selon Above Ground, EDC a financé Airbus pour acheter des biens et/ou services de Goodrich Aerospace Canada au Royaume- Uni (entre 250 millions $ et 500 millions $) et de Pratt & Whitney Canada Cie aux PaysBas (entre 500 millions $ et 1 milliard $).

Snc-lavalin a aussi reçu un prêt évalué entre 100 millions $ et 250 millions $ le mois dernier même si ses filiales représenta­ient un risque « déraisonna­blement élevé de participat­ion à la corruption », déplore Above Ground.

L’EXEMPLE DE LA FAMILLE GUPTA

« Les procédures de diligence raisonnabl­e D’EDC n’ont manifestem­ent pas réussi à évaluer efficaceme­nt les risques posés par un prêt de 2014 à une société appartenan­t à la famille Gupta, basée en Afrique du Sud, pour l’achat d’un biréacteur de luxe Bombardier », dénonce aussi le rapport.

La porte-parole d’above Ground, Karen Hamilton, indique QU’EDC a aussi financé certaines sociétés qui ont acheté des produits Bombardier, comme Air Nostrum Líneas Aéreas del Mediterrán­eo, Grupo Empresaria­l Mariposa et Nordic Aviation Capital Designated Activity Company.

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