Laissés-pour-compte forts divertissants
Vingt-trois ans après sa création, la pièce Lucky Lady revit à La Bordée
Vingt-trois ans après sa création en 1995, la pièce Lucky Lady revit dans une nouvelle mise en scène pleine de folie et surtout fort divertissante sur les planches de La Bordée.
L’oeuvre de l’auteur franco-ontarien Jean Marc Dalpé avait été montée à l’époque par Michel Nadeau, aujourd’hui directeur artistique du théâtre situé dans le quartier Saint-roch, avec une distribution constituée de Robert Bellefeuille, Josée Deschênes, Sophie Dion, Benoît Gouin et Marie-thérèse Fortin.
La pièce raconte l’histoire de Bernie, Shirley, Zach, Claire et Mireille, cinq laissés-pour-compte, qui ont, devant eux, une occasion inespérée de se sortir de leurs misères et malheurs respectifs.
L’HISTOIRE DE BERNIE
Bernie (Jean-michel Déry) se prépare à sortir de prison. Il a l’intention de reprendre sa vie en main et ne veut plus replonger dans la criminalité. Il acceptera, toutefois, après quelques refus, une mission provenant de son ami Zach (Simon Lepage), qui est toujours emprisonné.
Une mission toute simple, soit celle de récupérer une somme d’argent, cachée dans l’appartement de Shirley (Frédérique Bradet), compagne de Zach, et d’aller remettre les 7000 $ à un individu, afin de rembourser une dette de drogue.
Mais voilà que l’exubérante Shirley, une chanteuse qui a un rêve impossible de devenir une star du country, a pris une partie de cet argent pour financer son premier album. Une course de chevaux truquée pourrait permettre à Bernie et Shirley de remporter une importante somme d’argent et de rembourser les motards criminels qui n’entendent pas du tout à rire.
UNE BELLE FOLIE
Avec Lucky Lady, on est dans le divertissement. On ne se casse pas la tête et il n’y a pas de deuxième ou de troisième niveaux de lecture. La pièce dépeint un univers où cinq laissés-pour-compte, qui sont sans malice, tentent de s’extirper d’une vie qui n’est pas facile. La langue de Dalpé, qui est un mélange de langage populaire, d’anglais et de joual, est vivante, franche, directe et colle bien à ces écorchés.
Les vingt premières minutes sont particulièrement échevelées et on cherche à comprendre où tout ça s’en va. Et petit à petit, les vignettes qui se succèdent dévoilent l’histoire, les liens et les intentions de ces marginaux qui pourraient tous profiter d’une victoire de Lucky Lady sur le favori Blue Moon, dans la sixième course.
DU THÉÂTRE POPULAIRE
On est dans le théâtre populaire et parfois dans l’esprit des comédies musicales. Lucky Lady s’ouvre sur la chanson britannique Dirty Old Town, popularisée par The Pogues et chantée par tous les comédiens.
Frédérique Bradet est tout à fait flamboyante, folle et déjantée à souhait dans le personnage de Shirley.
Lucky Lady est un bel objet théâtral qui conclut la saison 2017-2018 de La Bordée. On est dans le divertissement total avec une histoire rocambolesque, une belle folie, une scénographie dynamique, cinématographique et près de la bande dessinée, de belles performances de comédiens et quelques succulents accords d’orgues. Une pièce où le plaisir est assurément au rendez-vous.