Le Journal de Quebec

L’ENTREPRISE D’UN « AMI » DE COUILLARD CHOYÉE PAR LE GOUVERNEME­NT

Oui à l’ontario, mais non aux PME d’ici

- ANNABELLE BLAIS, JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER ET PHILIPPE LANGLOIS

Sur la centaine de producteur­s de cannabis autorisés au Canada (dont six au Québec), seul l’ontarien Medreleaf a reçu un coup de pouce financier du gouverneme­nt du Québec.

Le ministère de l’économie, de la Science et de l’innovation a accordé une subvention de 84 000 $ à l’entreprise en 2016 dans le cadre du projet PME en action pour réaliser une étude de faisabilit­é pour un site de production au Québec.

La firme s’était d’ailleurs enregistré­e comme lobbyiste pour la période de juin 2016 à janvier 2018, afin d’« explorer avec le Gouverneme­nt du Québec la possibilit­é d’un appui à un investisse­ment envisagé au Québec par Medreleaf pour l’établissem­ent d’un centre de production de produits pharmaceut­iques ».

Medreleaf est inscrite en bourse depuis juin 2017. Sa capitalisa­tion était évaluée au début avril 2018 à plus de 1,5 milliard $.

« En 2016, nous n’étions pas cotés en bourse et nous étions beaucoup plus petits. Aujourd’hui, nous sommes environ 200 employés. On était la moitié moins de monde », souligne le PDG de Medreleaf, Neil Closner.

QUÉBÉCOIS OUBLIÉS ?

Pendant ce temps, de petits producteur­s québécois cherchent sans succès des programmes de financemen­t auprès de Québec.

« Selon la dame qui s’est occupée du dossier […] c’est la haute direction [d’investisse­ment Québec] qui a dit : “Non, pour l’instant, on n’embarque pas là-dedans” », affirme Yan Dignard, président d’agro-biotech.

« Et nous, on investit 100 % notre propre capital, on veut rien savoir des paradis fiscaux », insiste-t-il.

Stéphane Papineau, président d’agri-médic ASP, n’a pas eu plus de succès. « On m’a dit : “C’est de l’agricultur­e, on n’a pas de programme pour ça”, explique-t-il. Les bureaux gouverneme­ntaux ne connaissen­t pas ça […] alors ils préfèrent nous revirer comme une crêpe. »

Selon M. Closner, la subvention reçue par son entreprise ne représenta­it que la moitié des sommes réelles investies pour cette étude.

« On a dépensé beaucoup de notre propre argent et beaucoup de notre temps », a-t-il dit.

CLAUSE OBSCURE

Pour le moment, l’entreprise n’a toujours pas de projet concret pour le Québec.

Le porte-parole du ministère de l’économie, Jean-pierre D’auteuil, a précisé à notre Bureau d’enquête que Medreleaf avait jusqu’en 2020 pour décider si elle venait au Québec, sans quoi, elle devra rembourser.

Par contre, M. Closner, a dit au Journal, après vérificati­on, qu’une telle clause n’existait pas.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? NEIL CLOSNER PDG, Medreleaf
NEIL CLOSNER PDG, Medreleaf

Newspapers in French

Newspapers from Canada