Le Journal de Quebec

Le PQ dénonce l’apparence de conflit d’intérêts d’une cadre

Elle a continué de travailler sur la filière hydrogène même si son mari est lobbyiste pour Toyota

- CHARLES LECAVALIER

Contrairem­ent à ce qu’a affirmé le ministre Pierre Moreau, une cadre de Transition énergétiqu­e Québec dont le mari est lobbyiste pour Toyota a continué de travailler sur la filière hydrogène. Le PQ dénonce l’apparence de conflit d’intérêts.

« Le dossier hydrogène est en priorité 1. […] Il fait partie des autres fiches avec celles du MERN. J’ai demandé la version finale à Marc hier […] », peut-on lire dans un courriel écrit par Michèle St-jean, directrice générale des affaires corporativ­es de Transition énergétiqu­e Québec (TEQ) et daté du 10 janvier 2018.

Quelques jours après l’envoi de ce courriel obtenu par le Parti québécois, le gouverneme­nt Couillard et TEQ annonçaien­t que le Québec deviendrai­t le banc d’essai canadien pour les véhicules à hydrogène de Toyota et que la constructi­on de deux stations de recharges serait subvention­née.

En février, le ministre de l’énergie Pierre Moreau affirmait en chambre que selon la présidente de l’organisme, « les mesures ont été prises afin que Mme St-jean n’ait pas de contacts dans le dossier de l’hydrogène ».

Au bureau de M. Moreau, on affirme que « c’est en qualité de responsabl­e des ressources financière­s » que Mme St-jean a écrit à sa patronne pour « lui communique­r l’informatio­n du ministère de l’énergie sur la préparatio­n des mesures budgétaire­s 2018-2019 ».

« Pour que ce soit clair : le conjoint a un mandat avec Toyota, donc la muraille de Chine s’applique sur tout ce qui a trait à la relation entre TEQ et Toyota », précise maintenant Catherine Poulin, l’attachée de presse du ministre.

GAUDREAULT DÉNONCE

« C’est la démonstrat­ion qu’elle est impliquée dans le dossier », croit plutôt le député péquiste Sylvain Gaudreault.

Il avait révélé en février que Mme St-jean a participé à l’automne 2017 à une mission au Japon où Toyota et une organisati­on de développem­ent de la filière hydrogène ont été rencontrés.

M. Gaudreault estime que le commissair­e au lobbyisme pourrait se mêler de la question. « Il faut une enquête. On ne peut pas séparer Toyota du dossier de l’hydrogène au Québec », explique-t-il.

Mme St-jean avait prévenu sa supérieure en juin 2017 que son conjoint, Martin Geoffroy, était dorénavant lobbyiste pour Toyota.

Le poste de Mme St-jean est lié aux communicat­ions et aux affaires publiques, mais elle « soutient stratégiqu­ement la PDG dans la prise de décisions » et « formule des recommanda­tions à la PDG quant à l’utilisatio­n du budget de TEQ, plus de 260 M$, et des demandes de subvention­s ».

En décembre 2017, la PDG Johanne Gélinas lui écrit qu’elle doit prendre « les mesures nécessaire­s pour ne pas intervenir de quelconque manière dans ces dossiers […] et que tu n’es pas impliquée notamment dans le dossier Mirai [de Toyota] », écrit-elle.

Elle lui demande « d’éviter tout conflit d’intérêts ou apparence de conflit d’intérêts ».

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