Qui profite des hausses à la pompe ?
Vendredi dernier, le prix du litre d’essence à Montréal s’élevait à 143,8 cents le litre, soit le même prix qu’il y a quatre ans alors que le prix du pétrole brut (incluant le transport et le taux de change) coûtait 18,84 cents le litre de plus qu’aujourd’hui.
L’automobiliste se fait-il exploiter le portefeuille ? Oui ! Mais par qui ?
Prenons les pétrolières. Elles ne contrôlent pas le prix du baril de pétrole brut, lequel fluctue quotidiennement au gré de l’offre et de la demande sur le marché mondial.
Elles ne contrôlent pas non plus le taux de change. Mais… par l’entremise du raffinage, elles peuvent siphonner exagérément l’automobiliste.
MARGE DE RAFFINAGE
C’est avec la marge de raffinage que les pétrolières influencent les fluctuations du prix de l’essence à la pompe.
Comment ? En haussant ou diminuant ladite marge de raffinage au fil des journées.
Le 14 avril 2014, dans la région de Montréal, la marge de raffinage sur l’essence s’élevait à 12,6 cents le litre. Vendredi dernier, exactement quatre années plus tard, la marge de raffinage de l’essence s’élevait à 20,8 cents le litre.
Une augmentation de 8,2 cents le litre, soit de 65 %. Cette hausse est 15 fois plus élevée que l’inflation au cours de la même période. Aberrant !
Au fil des quatre dernières années, les pétrolières ont augmenté la marge de raffinage afin de compenser la baisse de revenus et de profits attribuable à la chute du baril de pétrole depuis 2014.
La marge de raffinage moyenne (sur 52 semaines) était en 2014 de 8,3 cents le litre, à comparer à 17,4 cents lors des 52 dernières semaines.
Pendant que la marge de raffinage bondissait de 110 %, le prix du litre de pétrole brut chutait de 33,3 %.
Vendredi dernier, avec une marge de raffinage de 20,8 cents, les pétrolières se montraient ainsi davantage gourmandes.
LES DÉTAILLANTS
Les regroupements de détaillants-propriétaires de stations d’essence influencent, eux aussi, le prix à la pompe. Comment ?
Par la marge de détail qu’ils se donnent.
En 2014, la marge moyenne de détail (52 semaines) était de 6 cents le litre. Par la suite, la marge a graduellement monté pour atteindre 9,1 cents lors des 52 dernières semaines.
Mais vendredi dernier, les détaillants de la région de Montréal ont carrément ambitionné en y allant d’une ponction de 12,5 cents le litre. Ce qui n’était pas le cas en dehors de Montréal.
Par exemple, à Québec, Trois-rivières, Drummondville et Sherbrooke, les détaillants devaient manger leurs bas tellement la marge de détail était faible, genre 4 cents ou moins le litre.
LES GOUVERNEMENTS
Avec leurs taxes spécifiques sur les carburants et leurs taxes de vente, Québec et Ottawa ramassent autour de 50 cents par litre d’essence. Plus le prix du litre est élevé, plus ils empochent de la TVQ et de la TPS.
Il ne faut pas compter sur eux pour défendre le consommateur lorsque le prix élevé de l’essence bondit à la pompe.
C’est peine perdue !