Le Journal de Quebec

Mario Pelchat dit non au « streaming »

Le producteur préfère offrir des albums physiques à son public

- SANDRA GODIN

En 2017, Mario Pelchat a vu quatre des albums qu’il a produits se retrouver dans le palmarès des dix albums les plus vendus au Québec, avec une stratégie de mise en marché à contre-courant : il refuse l’écoute en continu ( streaming), et mise encore sur l’album physique.

Et ses albums s’écoulent à coup de dizaines de milliers d’exemplaire­s. Le premier album de chants liturgique­s enregistré avec huit prêtres, Agnus Dei, a été l’album le plus vendu au Québec l’an dernier, avec 59 814 exemplaire­s écoulés. Il se retrouve ainsi devant Ed Sheeran, selon les données Nielsen Soundscan compilées par l’observatoi­re de la culture et des communicat­ions, qui a publié un rapport la semaine dernière.

Il a ensuite vendu 47 895 exemplaire­s en deux mois seulement de leur second opus, Noël Ensemble, en 3e position du palmarès. Les deux autres albums qui se sont hissés dans le palmarès sont les albums des 2Frères : La route, lancé en novembre, se trouve en 4e position avec 29 376 albums vendus ; Nous autres, premier album du duo lancé en 2015, se hisse en 7e position grâce à 26 375 albums vendus en 2017.

Ces projets musicaux aux antipodes ont une chose en commun : ils ne se retrouvent sur aucune plateforme d’écoute en continu, comme Spotify, par exemple. Serait-ce le secret pour vendre des albums ?

« Ç’a certaineme­nt une corrélatio­n directe avec les ventes, croit le chanteur. N’étant pas capable de les écouter en streaming, le public n’a pas d’autre choix que d’acheter les albums. »

UN REVENU « DÉRISOIRE »

Mario Pelchat refuse de mettre tant ses propres albums que ceux qu’il produit sur ces plateforme­s, tant et aussi longtemps « qu’il n’y aura pas une rémunérati­on équitable pour les ayants droit. Et en ce moment, elle est dérisoire », martèle-t-il.

« Ce n’est pas que je refuse la nouvelle manière de consommer la musique, précise-t-il. C’est génial, on s’entend qu’on traîne toute la musique dans un téléphone alors qu’à l’époque on traînait des cartables de CD dans nos voitures. »

Mais en ce moment, les artistes et auteurs-compositeu­rs « reçoivent des parcelles » du revenu des plateforme­s. « Et ceux qui s’enrichisse­nt sont les pro- priétaires de ces plateforme­s-là ».

La majorité des albums vendus avec les prêtres sont des disques physiques, précise Mario Pelchat, qui refuse pour l’instant d’en faire fabriquer moins.

« Certains pourraient dire que je m’accroche au passé, mais ce n’est pas le cas, justifie-t-il. Je suis là pour répondre aux besoins. Le public de 50 ans et plus achète encore des disques. »

Mario Pelchat se fait souvent demander de décortique­r ces multiples succès de ventes d’album.

« S’il y avait une recette, je la donnerais, tout le monde la suivrait et tout le monde vendrait des disques », estime-t-il.

NOUVEL ALBUM

Mario Pelchat a plusieurs projets d’albums sur la table en 2018, dont la production d’un nouvel opus de Paul Daraîche, ainsi qu’un 3e album avec les prêtres.

D’ici là, il lancera le 25 mai l’album Nos incontourn­ables, hommage aux disparus. L’album est tiré du spectacle dans lequel Mario Pelchat partageait la scène avec Paul Daraîche, Laurence Jalbert, Christian Marc Gendron, Natasha St-pier et Manon Séguin. Ils rendaient hommage, entre autres, à France Gall, Johnny Hallyday, Leonard Cohen, Patrick Bourgeois.

« Certains pourraient dire que je m’accroche au passé, mais ce n’est pas le cas. » – Mario Pelchat

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ?? Mario Pelchat et les prêtres se sont retrouvés sur la scène du Centre Vidéotron en décembre. Un de leurs albums, Agnus Dei, s’est écoulé à près de 60 000 exemplaire­s en 2017. Il s’agit d’ailleurs de l’album le plus vendu au Québec, l’an dernier.
PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC Mario Pelchat et les prêtres se sont retrouvés sur la scène du Centre Vidéotron en décembre. Un de leurs albums, Agnus Dei, s’est écoulé à près de 60 000 exemplaire­s en 2017. Il s’agit d’ailleurs de l’album le plus vendu au Québec, l’an dernier.

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