Le Journal de Quebec

Des fournisseu­rs de la SAQ dans les paradis fiscaux

Les Contrats signés par la SAQ seront revus si des irrégulari­tés sont découverte­s

- ANNABELLE BLAIS ET JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Plus de la moitié du Cannabis que la Société des Alcools du Québec projette d’acheter provient d’entreprise­s financées par les paradis fiscaux, A découvert notre Bureau d’enqumte.

Québec a conclu des contrats auprès de six entreprise­s pour approvisio­nner la Société québécoise du cannabis (SQDC), la filiale de la Société des alcools du Québec (SAQ) qui aura le monopole de la vente de pot au Québec.

Trois de ces firmes, qui fourniront 33000 des 62000 kg de marijuana qu’entend acheter Québec en 2018-2019, reçoivent des dizaines de millions de dollars en provenance de paradis fiscaux, comme les îles Caïmans, la Barbade et les Bahamas ( voir encadré).

Il s’agit de Medreleaf, qui fournira 8000 kg de pot, Aurora (5000 kg) et Hydropothe­cary (20 000 kg).

Les contrats signés entre la SAQ et ces firmes contiennen­t des clauses de résiliatio­n, notamment si les entreprise­s ne se conforment pas aux vérificati­ons de l’autorité des marchés financiers (AMF) et prochainem­ent de l’autorité des marchés publics, précise le porte-parole de la SAQ, Mathieu Gaudreault.

Questionné quant à savoir si le gouverneme­nt devrait faire affaire avec des compagnies qui reçoivent du financemen­t des paradis fiscaux, le premier ministre Couillard a répondu hier : « On ne veut pas ça. On veut faire des vérificati­ons, notamment lorsque des entreprise­s reçoivent des aides financière­s », a-t-il dit.

VÉRIFICATI­ON OBLIGATOIR­E

« Quand la filiale de la SAQ va donner les contrats d’approvisio­nnement, on s’attend à ce que toutes ces vérificati­ons soient faites, mais il faut définir avec eux si ça va jusqu’aux actionnair­es ou ce sont les dirigeants, et jusqu’à quel niveau de direction de l’entreprise. Tout ça doit être fait par la SAQ », a-t-il ajouté.

Notre Bureau d’enquête a révélé en janvier dernier que plusieurs producteur­s de cannabis comptaient des investisse­urs dans les paradis fiscaux.

Depuis, le Parti québécois (PQ) talonne la ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois, pour que le projet de loi 157 sur le pot interdise explicitem­ent à la SAQ de conclure des contrats avec des producteur­s qui reçoivent ce type de financemen­t.

La ministre a déposé des amendement­s en mars dernier qui précisent que les producteur­s de cannabis qui souhaitent obtenir des contrats avec le gouverneme­nt doivent faire l’objet d’une vérificati­on.

« L’autorité doit en outre considérer les sources de financemen­t du producteur », précise le texte.

DÉBAT

Le député du PQ Sylvain Pagé dénonce toutefois la « faiblesse » de ces propositio­ns.

Les amendement­s seront prochainem­ent débattus à l’assemblée nationale et des spécialist­es viendront expliquer plus en détail ces procédures, a confirmé au Journal l’attaché de Mme Charlebois, Alexandra Régis.

À l’heure actuelle, seule Hydropothe­cary a déposé un dossier pour entamer un processus d’autorisati­on auprès de L’AMF.

M. Gaudreault a toutefois précisé à notre Bureau d’enquête que la SAQ attendait l’adoption des amendement­s avant d’exiger des entreprise­s qu’elles se soumettent au processus de vérificati­ons.

– Avec la collaborat­ion de Marie Christine Trottier

SO M M ES PROVENANT DE PARADIS FISCAUX DANS LES FIRMES AYANT UN CONTRAT AVEC LA SAQ Aurora 200 M$ Provenance : Îles Caïmans, Barbade et Bahamas Hydropothe­cary 20 M$ Provenance : Îles Caïmans, Bahamas et Émirats arabes unis Medreleaf 468 M$ (valeur actuelle des placements des actionnair­es installés dans des paradis fiscaux) Provenance : Panama et Israël

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Le premier ministre Philippe Couillard a affirmé hier que son gouverneme­nt ne voulait pas faire affaire avec des entreprise­s financées depuis les paradis fiscaux, mais il n’a pas précisé quels seraient les critères pour exclure certaines firmes. PHOTO...

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