La Russie colle à la peau du président
Pendant que l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection de 2016 étend ses tentacules vers les affaires privées du président Trump, les liens de ce dernier avec la Russie soulèvent de plus en plus de questions.
Depuis son arrivée en politique, Donald Trump a insulté des centaines de personnes : journalistes, vedettes de cinéma, athlètes, héros militaires, démocrates, républicains, chefs de gouvernements, tout le monde écope.
Pourtant, il est un individu que Donald Trump a toujours soigneusement évité d’indisposer : Vladimir Poutine.
À cette réserve quasi obséquieuse s’ajoute une volonté systématique de limiter les effets que les sanctions américaines contre la Russie pourraient avoir sur les oligarques qui entourent Poutine.
HALEY CONTREDITE
Par exemple, l’ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, annonçait dimanche de nouvelles sanctions contre la Russie qui, selon les autorités américaines, serait liée aux attaques chimiques attribuées au régime syrien de Bachar al-assad.
Après cette annonce, le président est intervenu pour atténuer la portée des mesures qui menaçaient les intérêts financiers d’oligarques russes.
Ce n’est pas la première fois qu’il agit ainsi. Plusieurs sanctions approuvées par le Congrès depuis l’an dernier ne sont tout simplement pas appliquées. L’administration Trump n’hésite pas à expulser des diplomates, mais lorsqu’il s’agit de sévir contre des intérêts financiers proches de Poutine, elle est beaucoup plus timorée. En fait, l’assouplissement des sanctions contre la Russie était le seul changement au programme du parti que l’équipe Trump avait réclamé lors de la convention républicaine de juillet 2016. Pourquoi cette volonté profonde de ne pas déplaire à Poutine et à ses sbires ?
DE MEILLEURES RELATIONS ?
Le président Trump maintient qu’il souhaite entretenir de bons rapports avec Poutine pour accomplir de grandes choses avec la Russie.
Évidemment, il y a place à amélioration dans les relations américano-russes. Ce qui est moins évident, c’est l’intérêt pour les États-unis de plier devant l’expansionnisme russe en Europe ou de fermer les yeux devant les violations de droits de l’homme par le régime de Poutine.
Trump soutient que la collaboration avec la Russie est nécessaire pour venir à bout de l’état islamique, mais le corollaire de cette proposition — soit la consolidation du régime Assad en Syrie — va à l’encontre des intérêts américains dans la région.
KOMPROMAT ?
Se pourrait-il que l’attitude de Donald Trump envers la Russie et Poutine s’explique en partie par ses liens financiers douteux avec des oligarques russes ou par des informations compromettantes — kompromat — que Poutine détiendrait sur son compte ? Des éléments de preuve circonstancielle à l’appui de ces hypothèses sont déjà publics, mais le procureur Mueller en sait beaucoup plus, surtout depuis sa visite impromptue chez l’avocat de Trump, Michael Cohen. La politique de Trump s’explique-t-elle par ces éléments compromettants ou par une conception bien peu orthodoxe de l’intérêt national de son pays ? On le saura peut-être un jour. En attendant, c’est la politique étrangère américaine face à des enjeux cruciaux qui est compromise.