Le Journal de Quebec

Les wagons indiens rattrapent Couillard

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Quelle rocamboles­que histoire ! Pendant que la Caisse de dépôt et placement du Québec fera construire les wagons de son REM par les employés de l’usine indienne d’alstom, le gouverneme­nt Couillard dépensera un milliard $ pour empêcher une mise à pied massive à l’usine de fabricatio­n de wagons Bombardier de La Pocatière.

La décision de la Caisse d’écarter Bombardier au profit d’alstom et de ses wagons indiens a mis le premier ministre Philippe Couillard dans l’embarras au point où il a décidé de venir lui-même à la rescousse de l’usine de La Pocatière de Bombardier en devançant l’achat de nouvelles rames du métro de Montréal.

Et pour éviter des contestati­ons judiciaire­s de la part des Alstom et autres compétiteu­rs étrangers de Bombardier Transport, M. Couillard fera adopter un projet de loi qui aura essentiell­ement pour but de s’assurer que le nouveau contrat sera accordé aux travailleu­rs de l’usine de La Pocatière.

On parle ici d’un très gros contrat qui peut atteindre le milliard de dollars.

L’engagement du premier ministre est une excellente nouvelle pour les travailleu­rs de l’usine de La Pocatière.

LE PROBLÈME

N’eût été la décision de la Caisse d’acheter des wagons indiens au détriment de wagons Bombardier, le contrat des nouvelles rames du métro n’aurait pas été devancé.

Les wagons actuels pouvaient faire la « job » pendant nombre d’années avant de les renouveler.

Conséquemm­ent, pendant que la Caisse s’achète des wagons indiens avec nos épargnes et nos impôts, le gouverneme­nt Couillard se sent forcé de réparer cette gaffe de la Caisse en allongeant un milliard $ pour devancer un contrat non… prioritair­e pour la Société de transport de Montréal et ses villes partenaire­s.

Qui dit contrat gouverneme­ntal, dit évidemment facture à payer par nous tous. Et dans le cas d’un tel contrat de rames du métro, 75 % de la facture sera payée par Québec et 25 % par la Ville de Montréal.

INDÉPENDAN­CE À RÉVISER

Pourquoi le gouverneme­nt Couillard n’a-t-il pas obligé la Caisse à exiger un pourcentag­e élevé de contenu local dans l’octroi du contrat de fabricatio­n des wagons du REM?

Pour ne pas brimer « l’indépendan­ce » de la Caisse face au gouverneme­nt.

Dans le cas des projets d’infrastruc­tures que la Caisse entend réaliser au Québec, je crois que le gouverneme­nt devrait réviser « l’indépendan­ce » de la Caisse, car ça ne tient pas la route.

On parle ici de projets d’infrastruc­tures locaux qui seront entièremen­t payés par les épargnes que l’on confie à la Caisse et les impôts que l’on verse aux gouverneme­nts.

Il serait normal de privilégie­r le contenu local, comme c’est le cas aux États-unis, en Europe, en Chine, au Japon, etc.

Pour tenter de justifier sa décision d’acquérir des wagons indiens, le patron de la Caisse, Michael Sabia, a déclaré la semaine dernière qu’« au Québec, il n’y a pas une usine outillée pour construire le REM, du point de vue technologi­que et de la machinerie ».

Le premier ministre Philippe Couillard et le porte-parole de Bombardier Transport, Jacques Tétrault, ont contredit M. Sabia en laissant entendre que l’usine de La Pocatière se serait adaptée si elle avait obtenu le contrat.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada