Une vraie saga : Kovalev remplace Stevenson
Il était dix heures et quart mardi soir quand j’ai finalement lu un texto d’yvon Michel : « D’ici 24 heures, tout sera réglé » , disait ce message.
C’était la première fois depuis une semaine qu’on était aussi optimiste pour cette foutue soirée du 19 mai. J’étais déjà à moitié endormi, mais fallait quand même appeler au Journal. D’abord changer la manchette de la chronique, l’adoucir, au cas où, et surtout ajouter à la toute fin le texto d’yvon Michel. Pour changer le ton, la perception.
C’est ce que vous avez lu hier matin. Vers 8 heures et demie, mercredi matin, j’ai reçu un autre texto : « Viens au Casino pour la pesée, j’ai une méga nouvelle ». Là, j’ai dit wow !… Ce n’était pas du bluff.
Je me suis mis sur le téléphone pour contacter mes sources. Incluant Sergey Kovalev et Kathy Duva. À neuf heures et demie, j’avais toutes les confirmations, et Mathieu Boulay, en Floride, travaillait de son côté. Sergey Kovalev contre Eleider Alvarez, fin juillet, au Madison Square Garden.
Depuis, Kathy Duva m’a écrit hier vers 13 heures pour dire que ce ne serait malheureusement pas le Madison Square Garden, que New York n’était pas la ville idéale pour l’événement et que, d’ici à une semaine, elle pourrait annoncer où aurait lieu le combat.
Pas besoin d’un cours classique pour comprendre que les chances de la Place Bell et du Centre Vidéotron remontaient en flèche.
MAIS QUE S’EST-IL DONC PASSÉ ?
Donc, jeudi, il y a une semaine, c’était le cul-de-sac total. Mais à New York, Kathy Duva, la présidente de Main Event, prenait connaissance des problèmes à Montréal. Le gala du 19 mai avec sa finale opposant Badou Jack contre Adonis Stevenson était en danger.
Texto à son vieil ami Yvon Michel, retour d’appel d’yvon, et finalement Kathy Duva joignait le promoteur montréalais. Est-ce que ce serait possible qu’eleider Alvarez soit intéressé à affronter Sergey Kovalev ?
Allo Houston ! Faut comprendre que Marcus Browne devait se battre contre Kovalev pour le titre. Browne est un protégé d’al Haymon. Mais il a dû remettre le combat puisqu’il a été arrêté pour bris de conditions dans une sombre histoire de violence conjugale. Il y avait donc un trou à combler. Alvarez, très bon boxeur et crédible sur la scène internationale, était le bon homme.
Yvon Michel s’est emballé tout de suite. C’était une solution inespérée pour dénouer une situation inextricable. Il a demandé à Stéphane Lé- pine, le gérant d’alvarez, de venir au bureau. Il lui a fait part de l’offre de Kathy Duva.
RENDEZ-VOUS AU PRESSE-CAFÉ
Les deux hommes ont discuté tout l’après-midi au bureau de Michel dans le Vieux-montréal et en début de soirée ils ont donné rendez-vous à Marc Ramsay au Presse-café du Marché Central. Une fois sa journée d’entraînement terminée, Ramsay a été mis au courant de ce qui se passait. Sa réaction ? Eleider Alvarez était capable de battre ou Stevenson ou Kovalev. Mais Kovalev était encore un meilleur pari.
Stéphane Lépine a demandé la nuit pour réfléchir et discuter du projet avec Alvarez. Il voulait retrouver des conditions et des garanties similaires à ce qu’il avait déjà en acceptant de se tasser pour Badou Jack.
La base pour négocier était solide puisque le contrat consenti à Marcus Browne servait de modèle. Et c’était déjà généreux.
Quand Stéphane Lépine et Alvarez ont été convaincus, Yvon Michel a recontacté Kathy Duva pour pousser les négociations. Et quand c’est devenu évident que ce serait un bon combat et de bonnes conditions, on a mis Al Haymon au courant de ce qui pouvait arriver. On ne pouvait le faire plus tôt pour éviter que Haymon ne se retrouve en conflit puisqu’il représentait aussi les intérêts de Marcus Browne.
COMBAT REVANCHE OBLIGATOIRE
L’offre a vite fait sourire Haymon. Faut dire que le magnat américain de Premier Boxing Championships se retrouve dans une situation délicate. Il a 200 boxeurs sous contrat. Les premières années de PBC, quand il a tenté d’établir un monopole comme L’UFC dans la boxe, il contrôlait une dizaine de réseaux de télé aux États-unis. Ses boxeurs pouvaient se battre régulièrement. Mais avec le seul réseau Showtime, il est obligé de les libérer des contraintes qu’il imposait en faveur de ses réseaux.
Résultat, les boxeurs de PBC se battent maintenant à HBO ou contre des boxeurs de Golden Boy, de Main Event ou de Top Rank. La boxe retrouve sa normalité.
Lundi et mardi, on a négocié les conditions financières. En partant d’une première clause qui accorde un combat revanche à Kovalev advenant une victoire d’eleider Alvarez. En cas de revanche, le million reviendrait au nouveau champion, on l’a deviné. Faudra donc qu’adonis Stevenson attende son tour (!!!).
ALVAREZ HEUREUX
Hier soir, j’ai jasé avec Eleider Alvarez. Je parlais avec un homme soulagé, un homme heureux. Adonis Stevenson soutenait et répétait que Showtime et la télévision américaine ne voulaient pas de lui. Qu’il n’était pas assez vendeur. Le voilà à HBO, le plus gros réseau de boxe aux États-unis. Le pied de nez est un baume sur le coeur de l’indien.
Hier, au Casino, Yvon Michel était un homme qu’on avait libéré d’un poids de 1000 livres. Faut dire que ça faisait huit mois que l’on n’avait pas eu la chance d’écrire sur un de ses succès. Huit mois de déception en déception. Huit mois qu’on le sentait coincé dans des problèmes insolubles causés par l’entêtement d’adonis Stevenson. Huit mois que les déboires s’ajoutaient les uns aux autres.
Mais l’histoire de la boxe et de ses négociations à plusieurs volets et plusieurs intervenants est riche de ces rebondissements spectaculaires. Quand des promoteurs sont coincés dans des situations inextricables, il y a souvent un autre promoteur qui a une proposition inespérée qui sauve la mise.
Celle de Kovalev-alvarez en est une grosse et une spectaculaire. Revoici Yvon Michel remonté en selle.
DANS LE CALEPIN
Si Kovalev-alvarez a lieu au Québec, il est certain que Gestev et le Centre Vidéotron seront intéressés à faire respecter le contrat qui unit GYM à Gestev. C’est déjà confirmé. Piton l’a dit : Y en aura pas de facile…. Et aujourd’hui, on va confirmer la tenue du gala du 19 mai. Peut-être même que Badou Jack pourrait être sur place.