DU SPORT À TOUS LES COINS DE RUE
Ancien des Dodgers et des Yankees, Russell Martin adore jouer à Toronto
TORONTO | « Les gens adorent le sport à Toronto, dit Russell Martin. On sent un buzz. Les gens sont excités. » Il y a de quoi ! Les Maple Leafs et les Raptors sont en séries. Mardi, le Toronto FC affrontait une formation mexicaine dans le premier d’une série de deux matchs de la Ligue des champions en finale de la CONCACAF. Les amateurs sont au rendez-vous en grand nombre partout dans la Ville Reine. Ils sont passionnés et encouragent leur équipe au maximum.
Malgré un froid de canard et des conditions effroyables qui allaient de la pluie à la neige, tout près de 30 000 spectateurs sont allés encourager leur équipe de soccer mardi soir au BMO Field, qui est situé près du lac Ontario.
Au même moment, plus de 18 000 personnes assistaient au programme double opposant les Blue Jays aux Royals de Kansas City. Le match de la veille avait été annulé en raison de la chute de plaques de glace qui se détachaient de la tour CN.
Les autorités ont jugé qu’il était risqué pour les gens de se rendre au Rogers Centre, dont le toit a été endommagé. Un périmètre de sécurité a été érigé autour du stade en attendant que la glace se résorbe, mais le baseball a repris ses droits.
Toujours mardi, une salle comble de 19 800 spectateurs emplissait le Air Canada Centre pour voir le deuxième match de la série entre les Raptors et les Wizards de Washington.
CLIENTÈLE DE TOUS GENRES
Étant appelé à jouer quotidiennement ou presque, Russell Martin n’a pas trop le temps de voir d’autres événements sportifs. Il y va occasionnellement.
« Je suis déjà allé voir un match de soccer », racontait-il hier après-midi avant le match entre les Blue Jays et les Royals.
« L’ambiance est électrisante. C’est la même chose aux matchs des Raptors. L’atmosphère est incroyable! »
Martin remarque que la clientèle sportive torontoise n’est plus la même qu’il y a 20 ou 25 ans.
« Autrefois, on voyait majoritairement un public masculin composé en bonne partie d’hommes d’affaires », mentionne-t-il.
« La construction des nombreuses tours à condos que l’on retrouve au centre-ville a créé un type d’amateur différent. Quand les occupants de ces condos se demandent ce qu’ils vont faire de leur soirée, les équipes sportives sont à leur portée. Ils n’ont même pas à utiliser leur véhicule ou le transport collectif. Tout se fait à pied. »
TOUT DANS LE MÊME SECTEUR
Le Rogers Centre, le BMO Field et le Air Canada Centre sont établis dans un rayon de quatre kilomètres, entre le Gardiner Expressway et le lac Ontario. Mais les amateurs ne viennent pas juste du coin. Ils arrivent de partout en ville et des banlieues.
Les foules sont bigarrées. Les communautés culturelles apportent beaucoup d’ambiance aux matchs du FC et des Raptors.
On ne se serait pas cru au Air Canada Centre lors du match des Raptors, mardi soir. L’atmosphère qui régnait la veille lors de l’affrontement entre les Leafs et les Bruins n’était rien à côté de ce qu’on pouvait observer au match de basket.
L’ÉQUIPE DU CANADA
Les Blue Jays ont attiré plus de deux millions de spectateurs annuellement au cours des six dernières années. Ils ont dominé la Ligue américaine en 2016 et 2017 avec des assistances totalisant plus de trois millions de personnes.
Ils ont connu une baisse de régime l’an dernier après deux présences consécutives en série de championnat de la Ligue américaine et ils connaissent jusqu’ici une saison au-delà des attentes. Mais la ferveur des amateurs ne se dément pas.
Ils étaient 28 803 fans hier après-midi pour un match du mercredi qui a commencé à 16 heures et que les Blue Jays ont remporté aisément par la marque de 15 à 5.
« Nous sommes pratiquement l’équipe du Canada, dit Martin. Un hiver, je suis allé à Vancouver où se déroulait un festival de baseball. Les gens nous ont accueillis comme si nous étions des leurs. Les Torontois ont un grand attachement pour nous. Même si nous avons connu une moins bonne saison l’an dernier, les gens continuaient à porter des casquettes et des uniformes de l’équipe et c’est encore le cas maintenant. »
UN JOUEUR DES SÉRIES
Ça vient de la bouche d’un joueur qui a eu l’insigne honneur de jouer avec les Dodgers et les Yankees, les deux organisations les plus prestigieuses du baseball majeur. Il faut le faire !
« Je ne pensais pas vraiment à ça à mes premières années », reprend Martin.
« À mes premières années, j’étais plus préoccupé à me faire une place avec les Dodgers et à la garder. Mais j’ai appris l’histoire du baseball en jouant avec les Dodgers et les Yankees. »
Quand on l’interroge concernant la pression qui existe pour un joueur de baseball dans les deux plus grandes villes américaines, Russell a une réponse savoureuse.
« Je ne sais pas vraiment ce que c’est, car j’ai gagné partout où j’ai joué ! » répond-il en riant. C’est un fait. Martin a participé à 16 séries éliminatoires à ses 12 premières saisons dans les majeures, soit cinq en cinq ans avec les Dodgers, trois en deux ans avec les Yankees, trois en deux ans avec les Pirates de Pittsburgh et cinq à ses trois premières années avec les Blue Jays.
LA FIERTÉ EXISTE ENCORE
Il ne lui manque qu’une bague de la Série mondiale pour ajouter à son bonheur, mais il n’est pas moins heureux. « J’adore Toronto ! » lance-t-il. « Quand tu deviens un joueur établi, tu veux que les gens apprécient et aiment ton club. Il y a de la fierté qui vient avec ça. »
Voilà un mot qu’on aimerait entendre plus souvent de la part des athlètes professionnels. Martin réalise pleinement ce que le baseball lui amène et il en est reconnaissant. Il est comme un enfant sur le terrain pendant l’échauffement d’avant-match.
C’est rafraîchissant à voir.
« C’est certain que je souhaiterais jouer pour le Canadien, c’est l’équipe de mon enfance. Mais rendu à ce niveau, il faut prendre la meilleure opportunité. » ALEXANDRE ALAIN, DE L’ARMADA