Le Journal de Quebec

Visait-il les femmes ?

Le tueur a fait référence sur Facebook à une idéologie misogyne présente sur Internet avant de passer à l’acte

- ANTOINE LACROIX

La police de Toronto a confirmé hier que les victimes de l’attaque au camion-bélier contre des piétons sont « majoritair­ement des femmes ». Selon les premiers éléments connus sur l’auteur allégué, une grande frustratio­n envers les femmes pourrait expliquer ses motivation­s.

Alek Minassian a comparu hier, faisant face à des 10 chefs d’accusation­s de meurtre prémédité et de 13 pour tentative de meurtre. La police a indiqué qu’une 14e accusation allait s’ajouter éventuelle­ment.

Les autorités se sont toutefois gardées d’établir un lien direct entre le sexe des victimes et les motifs du suspect. Toutes les victimes sont des adultes, âgées de la mi-vingtaine à plus de 80 ans.

Les identités des victimes de l’attaque ne devraient pas être dévoilées d’ici quelques jours, a estimé le coroner en chef de l’ontario, Dirk Huyer. L’enquête devrait également s’échelonner sur plusieurs semaines.

Un ancien camarade de classe de Minassian le décrit comme un être dérangé, qui « ouvrait sa chemise et se crachait dessus en pleine classe ». Ari Blaff, 24 ans, s’est rappelé qu’alek Minassian répétait régulièrem­ent « j’ai peur des filles », il y a des années, dans les couloirs de la Thornlea Secondary School, à Thornhill, en banlieue de Toronto.

« C’était presque comme un slogan ou un tic, a confié au journal Toronto Sun Ari Blaff. Il était généraleme­nt seul. Je ne pense pas qu’il avait beaucoup d’amis », ajoutant qu’il ne se souvient pas de lui comme de quelqu’un de violent.

FORCES ARMÉES CANADIENNE­S

Le jeune homme de 23 ans a été membre de l’armée durant deux mois, soit du 23 août au 25 octobre 2017, ont fait savoir les Forces armées canadienne­s dans un communiqué.

Minassian a suivi sa formation à l’école de leadership et de recrues des Forces canadienne­s (ELRFC) à Saint-jean-surRicheli­eu, en Montérégie.

Minassian n’a pas terminé sa formation de recrue et a demandé à être libéré volontaire­ment des Forces après 16 jours.

Pour des raisons de confidenti­alité, les Forces armées canadienne­s ne commentero­nt pas davantage sur le service dans l’armée d’alek Miniassian, a précisé leur porte-parole Andrew Mckelvey.

PUBLICATIO­N ÉNIGMATIQU­E

Tout juste avant d’accomplir son sombre dessein, le suspect de l’assaut sur la rue Yonge a publié sur Facebook un message confus appelant à une « rébellion incel », un mouvement masculinis­te et misogyne très présent sur Internet ( voir encadré plus haut).

L’authentici­té du message a été confirmée par Facebook Canada au Journal. Le réseau social a supprimé le profil de Minassian peu après les évènements tragiques et dit « travailler étroitemen­t avec les forces de l’ordre ».

GLORIFIÉ

Le Journal a pu constater que l’acte de Minassian était glorifié par plusieurs membres de forums dédiés au mouvement « incel », qui estimaient notamment qu’il avait fait avancer la « cause ».

Dans son message, Minassian fait aussi allusion au « gentleman suprême Elliot Rodger », auteur d’une tuerie en mai 2014 en Californie. Rodger avait tué au couteau, à l’arme à feu et avec une voiture-bélier six personnes, en plus d’en blesser 14, avant de mettre fin à ses jours.

Dans une vidéo, il avait expliqué son geste en exprimant une vengeance pour les femmes qui l’avaient rejeté au cours de sa vie.

Plusieurs incels en sont venus à vouer une admiration envers Rodger, son histoire étant régulièrem­ent mentionnée dans les discussion­s sur les forums.

— Avec l’agence QMI

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PHOTO AFP ET ILLUSTRATI­ON AGENCE QMI, PAM DAVIES Des Torontois pleurent les 10 personnes décédées lundi dans l’attaque d’un camion contre des passants, lors d’une vigile tenue non loin de la rue Yonge, lieu du drame. En mortaise, une illustrati­on de cour montre Alek Minassian lors de sa courte...

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