Le Journal de Quebec

DES ALLOCATION­S DE LOGEMENT ENTOURÉES DE SECRET

La majorité des députés de l’assemblée nationale refusent de les divulguer

- ROBERT PLOUFFE

La quasi-totalité des élus de l’assemblée nationale, libéraux et caquistes en tête, refusent de dévoiler leur allocation de frais de logement payée par les contribuab­les.

« ON N’A RIEN À CACHER. TOUS LES DÉPUTÉS DEVRAIENT ÊTRE TENUS DE DIVULGUER LE REMBOURSEM­ENT POUR FRAIS DE LOGEMENT QUE LEUR VERSE L’ASSEMBLÉE NATIONALE » – Amir Khadir, député de QS

Sur les 125 élus siégeant au Parlement, 115 étaient admissible­s l’an dernier au remboursem­ent pour leurs frais de logement, jusqu’à concurrenc­e de 15300 $ non imposables.

De ce nombre, les 61 députés libéraux et les 19 de la Coalition avenir Québec ont choisi de garder secrète l’indemnité qu’ils touchent.

Seuls neuf députés, les trois de Québec solidaire (QS) et six du Parti québécois sur 27, ont accepté de rendre publics les montants qu’ils ont réclamés en frais de logement pour l’année 2016-2017 à la suite d’une demande d’accès de notre Bureau d’enquête ( voir tableau).

Dans le cadre d’un reportage sur les problèmes de transparen­ce des gouverneme­nts, Le Journal a présenté ces der- niers jours de nombreux cas concrets d’informatio­ns cachées ou difficiles à obtenir. Les allocation­s de logement des députés québécois ne sont qu’un exemple parmi plusieurs autres.

« RIEN À CACHER »

« On n’a rien à cacher. Tous les députés devraient être tenus de divulguer le remboursem­ent pour frais de logement que leur verse l’assemblée nationale », tranche le député de Mercier, Amir Khadir, de QS.

« La transparen­ce est toujours souhaitabl­e », renchérit le député péquiste de Rousseau, Nicolas Marceau. Mais celuici s’empresse d’ajouter qu’il ne veut pas blâmer ceux qui refusent de dévoiler leur remboursem­ent.

Le règlement de l’assemblée nationale encadre les frais de logement et prévoit :

√ Le remboursem­ent maximal annuel de 15 300 $ pour les élus dont la circonscri­ption est à plus de 50 kilomètres du Parlement.

√ Une augmentati­on de l’allocation le 1er avril de chaque année.

√ Les députés peuvent opter pour un hébergemen­t à l’hôtel, une location ou l’achat d’une propriété.

QUÉBEC SOLIDAIRE

Les trois élus de QS sont tous en location, car ils refusent d’utiliser le remboursem­ent afin de s’acheter une propriété à Québec, maison ou condo.

« Pour ma part, je ne considère pas que l’argent m’appartient et qu’il me serve à acheter un condo », soutient M. Khadir.

Les deux co-porte-parole de QS, Manon Massé et Gabriel Nadeau-dubois, ont opté pour la colocation. M. Nadeau-dubois loue un appartemen­t dans lequel il héberge, moyennant 300 $ par mois, un membre de son équipe. La sous-location est déduite de la facture soumise à l’assemblée nationale.

Le jeune politicien a demandé un avis à la commissair­e à l’éthique. « Elle m’a dit qu’il fallait que je m’assure de louer la chambre au prix du marché pour ne pas que ça soit perçu comme une faveur », explique le député de Gouin, qui réclame 1030 $ par mois en allocation.

L’OPTION CONDO

À l’instar de nombreux élus, le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, a opté pour un condo. Puisqu’il s’agit pour lui d’une résidence secondaire, le péquiste a dû débourser lors de l’achat une mise de fonds représenta­nt 20 % de la valeur de la propriété.

« À l’hôtel, tu es toujours dans tes bagages. C’était pour moi la meilleure des formules. Les élus de Québec solidaire ont le droit de dire ce qu’ils veulent. Personnell­ement, j’ai le droit de m’acheter des propriétés où je veux et j’en ai acheté une à Québec », se défend M. Gaudreault.

– Avec Marie Christine Trottier

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