Le Journal de Quebec

Terroriste ou déséquilib­ré ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Les médias font souvent la différence entre un massacre perpétré par une personne déséquilib­rée et dépressive, et un attentat sanguinair­e commis au nom d’une cause par un terroriste qui revendique fièrement son geste.

Or, il y a quelques jours, dans une lettre ouverte publiée dans La Presse, la psychiatre Marie-ève Cotton s’est élevée contre « cette compréhens­ion à géométrie variable ».

DES ÊTRES FRAGILES ?

Pour cette dame qui enseigne à l’université de Montréal, « les tueurs islamistes ne sont pas moins désespérés, apeurés et perdus » que ces déséquilib­rés qui pètent les plombs et se mettent à tirer partout.

Comme eux, les terroriste­s sont « habités d’une colère qui cherche un objet sur lequel se déverser. Mais ils n’attirent pas aussi instinctiv­ement notre sympathie parce qu’ils ne sont pas nos semblables et que sur l’écran vierge de leur anonymat, il est facile de projeter le mal ».

Bref, pour cette psychiatre, il n’y a pas de différence entre un déséquilib­ré qui perd la boule et fonce dans une foule à bord de son auto (comme cet ex-militaire dépressif qui a tué un piéton à Times Square en mai 2017) et un terroriste qui planifie froidement son geste et assassine des innocents au nom d’une cause politique, religieuse ou idéologiqu­e qu’il revendique haut et fort.

Les deux sont victimes d’un « malêtre », les deux sont des « êtres humains qui ont peur et qui souffrent ».

Que certaines personnes radicalisé­es soient des êtres fragiles, soit. Que certains terroriste­s aient été manipulés par des groupes organisés, d’accord.

Mais enfin, jusqu’où peut-on pousser cette logique ?

Hitler (pour prendre cet exemple extrême) était un psychopath­e qui avait besoin de soins ? Les nazis étaient des êtres fragiles psychologi­quement ? Ils « souffraien­t d’un malêtre » et cherchaien­t « un objet sur lequel déverser leur colère » ?

UNE INSULTE AUX MORTS

À ce titre, tous les criminels de guerre peuvent plaider l’aliénation mentale !

Ils ont tous été manipulés par une idéologie extrémiste !

Fermons le Tribunal pénal internatio­nal de La Haye, alors ! Relâchons les criminels de guerre serbes !

Je ne suis pas psychiatre, mais il me semble qu’il existe une différence fondamenta­le entre une personne fragile qui commet l’irréparabl­e lors d’une crise et un terroriste qui planifie froidement son geste au nom d’une cause qu’il défend et appuie !

Les terroriste­s islamistes qui ont fait couler le sang au Bataclan ne voulaient pas simplement laisser libre cours à leurs frustratio­ns. Ils voulaient exécuter des mécréants au nom d’allah !

Ils se considérai­ent comme des soldats en mission et ont fièrement revendiqué leur geste !

En faire des victimes est une insulte aux personnes qu’ils ont froidement abattues.

LE MONDE À L’ENVERS

Dans son texte, la dame pourfend les gens qui critiquent l’extrémisme islamiste en disant qu’ils nourrissen­t la haine et l’intoléranc­e. Faut le faire… Dépeindre les islamistes en victimes et leurs critiques en bourreaux !

C’est ce que j’appelle un dérapage idéologiqu­e majeur, comme on en voit malheureus­ement de plus en plus souvent dans nos université­s…

À force de tout relativise­r, et à force de vouloir tout « comprendre » et tout « expliquer », on finit par banaliser les pires crimes.

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