Terroriste ou déséquilibré ?
Les médias font souvent la différence entre un massacre perpétré par une personne déséquilibrée et dépressive, et un attentat sanguinaire commis au nom d’une cause par un terroriste qui revendique fièrement son geste.
Or, il y a quelques jours, dans une lettre ouverte publiée dans La Presse, la psychiatre Marie-ève Cotton s’est élevée contre « cette compréhension à géométrie variable ».
DES ÊTRES FRAGILES ?
Pour cette dame qui enseigne à l’université de Montréal, « les tueurs islamistes ne sont pas moins désespérés, apeurés et perdus » que ces déséquilibrés qui pètent les plombs et se mettent à tirer partout.
Comme eux, les terroristes sont « habités d’une colère qui cherche un objet sur lequel se déverser. Mais ils n’attirent pas aussi instinctivement notre sympathie parce qu’ils ne sont pas nos semblables et que sur l’écran vierge de leur anonymat, il est facile de projeter le mal ».
Bref, pour cette psychiatre, il n’y a pas de différence entre un déséquilibré qui perd la boule et fonce dans une foule à bord de son auto (comme cet ex-militaire dépressif qui a tué un piéton à Times Square en mai 2017) et un terroriste qui planifie froidement son geste et assassine des innocents au nom d’une cause politique, religieuse ou idéologique qu’il revendique haut et fort.
Les deux sont victimes d’un « malêtre », les deux sont des « êtres humains qui ont peur et qui souffrent ».
Que certaines personnes radicalisées soient des êtres fragiles, soit. Que certains terroristes aient été manipulés par des groupes organisés, d’accord.
Mais enfin, jusqu’où peut-on pousser cette logique ?
Hitler (pour prendre cet exemple extrême) était un psychopathe qui avait besoin de soins ? Les nazis étaient des êtres fragiles psychologiquement ? Ils « souffraient d’un malêtre » et cherchaient « un objet sur lequel déverser leur colère » ?
UNE INSULTE AUX MORTS
À ce titre, tous les criminels de guerre peuvent plaider l’aliénation mentale !
Ils ont tous été manipulés par une idéologie extrémiste !
Fermons le Tribunal pénal international de La Haye, alors ! Relâchons les criminels de guerre serbes !
Je ne suis pas psychiatre, mais il me semble qu’il existe une différence fondamentale entre une personne fragile qui commet l’irréparable lors d’une crise et un terroriste qui planifie froidement son geste au nom d’une cause qu’il défend et appuie !
Les terroristes islamistes qui ont fait couler le sang au Bataclan ne voulaient pas simplement laisser libre cours à leurs frustrations. Ils voulaient exécuter des mécréants au nom d’allah !
Ils se considéraient comme des soldats en mission et ont fièrement revendiqué leur geste !
En faire des victimes est une insulte aux personnes qu’ils ont froidement abattues.
LE MONDE À L’ENVERS
Dans son texte, la dame pourfend les gens qui critiquent l’extrémisme islamiste en disant qu’ils nourrissent la haine et l’intolérance. Faut le faire… Dépeindre les islamistes en victimes et leurs critiques en bourreaux !
C’est ce que j’appelle un dérapage idéologique majeur, comme on en voit malheureusement de plus en plus souvent dans nos universités…
À force de tout relativiser, et à force de vouloir tout « comprendre » et tout « expliquer », on finit par banaliser les pires crimes.