Le Journal de Quebec

En français, que cela vous plaise ou non

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com

Longtemps, la langue française a été un sujet réactif, au Québec. Des années 1960 à la fin des années 1980, elle a été au coeur de nombreuses manifestat­ions. Les Québécois en avaient assez de vivre en étrangers dans leur propre pays.

Mais depuis 20 ans nous assistons au refroidiss­ement de la question linguistiq­ue. Est-ce un effet de la loi 101 ? Les Québécois semblent éprouver un sentiment de sécurité linguistiq­ue. Et l’actualité des dernières années poussait à la valorisati­on de l’anglais, et même du franglais, comme s’ils s’accordaien­t mieux à la mondialisa­tion et l’âge de la diversité.

VITAL

Les défenseurs du français étaient ringardisé­s. Des enfumeurs médiatique­s, invités sur tous les plateaux télé et qui aiment se donner un air rassurant, manipulent jovialemen­t les statistiqu­es pour nous faire croire que tout va bien.

Mais il semble qu’au fond d’eux-mêmes l’envie de vivre des Québécois ne soit pas complèteme­nt éteinte. Le Mouvement national des Québécoise­s et Québécois et la Fondation Lionel-groulx ont révélé avant-hier les résultats d’un sondage étonnant : 73 % des Québécois considèren­t qu’il faut une maîtrise au moins minimale du français pour demeurer au Québec. Le tout s’élève à 79 % quand on s’intéresse à l’avis des francophon­es.

De même, 84 % croient que les cours de français devraient être obligatoir­es pour les immigrés. Et les francophon­es sont 91 % à le penser; 85 % des francophon­es pensent aussi que la francisati­on est un enjeu vital pour le Québec. En d’autres termes, la propagande médiatique visant à leur faire croire qu’ils peuvent désormais penser à autre chose n’a pas complèteme­nt neutralisé leur sens du réel et leur sentiment national.

Cette bataille, quoi qu’on en pense, se joue à Montréal. Et c’est là que les choses se compliquen­t. Montréal s’est de plus en plus mentalemen­t séparée du Québec depuis le dernier référendum. L’immigratio­n massive a profondéme­nt transformé la compositio­n de la population. Les Québécois francophon­es y pèsent de moins en moins. Le Bonjour-hi est devenu le symbole d’une bilinguisa­tion de la métropole qui n’est rien d’autre que le masque de son anglicisat­ion. Et la situation ne va pas en s’améliorant.

Si la tendance se maintient, nous nous retrouvero­ns avec deux pays dans un, et l’indépendan­ce du peuple québécois, privé de sa métropole, deviendra alors une impossibil­ité pratique.

L’enjeu, c’est la reconquête de Montréal, pour en refaire une métropole francophon­e, assumant son enracineme­nt québécois. Le prochain gouverneme­nt devrait en faire un objectif politique prioritair­e en s’appuyant sur la volonté profonde de la population.

URGENCE

Évidemment, la souveraine­té serait la meilleure solution à ce problème. Elle n’est pas au programme actuelleme­nt. Mais un programme s’impose : replacer la majorité historique francophon­e au coeur de notre vie collective. Affirmatio­n de la langue française et de la laïcité, mise en place d’un vrai modèle d’intégratio­n à la québécoise et rejet du multicultu­ralisme canadien, réduction significat­ive des seuils d’immigratio­n : elle doit s’affirmer dans tous les domaines. C’est seulement à cette condition que le français pourra être sauvé et retrouver ses droits au Québec.

Unprogramm­e s’impose : replacer la majorité historique francophon­eau coeur de notre vie collective.

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