Bissonnette ne voulait pas tuer d’enfants
La présence de femmes et de jeunes a freiné son projet d’attaque du Starbucks de Laurier Québec
Si Alexandre Bissonnette n’a pas mis son plan de tuerie à exécution, le 26 novembre 2016, lorsqu’il s’est présenté au café Starbucks de Laurier Québec, c’est parce qu’il y avait « des femmes et des enfants ».
La vue de ces êtres innocents « l’aurait fait reculer puis abandonner le projet », a fait savoir, hier, la Dre Marie-frédérique Allard, psychiatre légiste qui a expertisé l’accusé au cours des derniers mois.
Ce jour-là, l’accusé a bu une demi-bouteille de vin chez ses parents, puis il a quitté la demeure familiale en direction du centre commercial. Après s’être stationné, Bissonnette, anxieux, a chargé ses armes.
« Il dit toutefois qu’il sentait qu’il était incapable de le faire. Il a donc repris de l’alcool puis il est entré dans le café avec son ordinateur et ses armes dans son sac. Il voulait écrire un message d’adieu sur Facebook, ce qu’il a fait sans toutefois le publier », a expliqué la psychiatre.
« Si je l’avais envoyé, je n’aurais pas eu le choix de le faire [la tuerie], mais c’est comme si je n’en revenais pas que j’allais faire ça. J’ai comme réalisé à la dernière seconde que j’allais faire ça, pis que c’était toute du monde normal », a confié Bissonnette à la Dre Allard.
L’accusé a également mentionné à la psychiatre « que le soir du 29 janvier, il aurait dû juste se suicider ». Toutefois, en se rendant à la mosquée, il se répétait sans cesse « qu’il ne rentrerait plus jamais à la maison ».
Toujours incertain de poser son geste kamikaze, Bissonnette s’est questionné dans la voiture, puis il a eu « l’impression que quelqu’un l’avait vu et qu’il serait dénoncé ».
Il s’est alors dit « qu’il ne repasserait pas par un autre mois comme le mois de décembre ». « Je me suis dit : “Go !” Pis là, je l’ai fait. »
Pour Bissonnette, ce fut le point de non-retour « puisqu’il n’avait plus rien à perdre », selon la psychiatre.
LES RAISONS
En ce qui concerne « les motivations » du tueur, les deux psychiatres appelés en défense s’entendent sur un point : ce ne serait pas par « racisme ou xénophobie ».
Pour le psychiatre légiste Sylvain Faucher, le massacre commis dans la communauté musulmane serait plutôt survenu en raison de « la couleur du temps ».
« Par ce qui est colporté sur les musulmans, l’accusé obtenait une justification, ce que ne fournissaient pas suffisamment les collègues à l’université ou les inconnus d’un centre commercial », a-t-il fait savoir.