Le Journal de Quebec

Les terreurs de l’école

Les manchettes racontant des exemples de violence envers des enseignant­s se multiplien­t. Les sondages sur la question font peur. 57 % des enseignant­s ont vécu ou vu de la violence physique envers un professeur. Pour la violence verbale, le chiffre atteint

- MARIO DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com

La violence envers les enseignant­s constitue à la fois un échec et une menace pour la société québécoise.

Au-delà des chiffres, les exemples donnent froid dans le dos. Des enseignant­s mordus, frappés à coups de poing et à coups de pied, menacés. En fait, les cas de violence physique sont si graves qu’on aurait tendance à banaliser la violence verbale, les cas où des enseignant­s se font traiter de toutes les insanités du monde avec des blasphèmes pour pimenter le tout. Et pourtant…

L’âge des enfants qui posent des gestes violents ou intimident leurs enseignant­s surprend. Le problème commence chez les tout-petits. Des enfants à la maternelle ou au début du primaire démontrent des signes inimaginab­les de violence. Pourtant, ils devraient être à l’âge où l’on a tendance, au contraire, à trop s’accrocher au professeur.

Tous les signaux vont dans le même sens : cette situation se dégrade. Les cas deviennent plus lourds, les gestes deviennent plus graves et les enseignant­s deviennent plus écoeurés. Les syndicats d’enseignant­s parlent d’un problème qui était plutôt secondaire autrefois et qui est passé au stade de priorité numéro un.

DANGER !

Cette tendance ne peut pas se poursuivre. En fait, cette situation ne peut plus durer et les cris du coeur des enseignant­s devraient interpelle­r toute la société. Avez-vous imaginé le genre de problèmes que nous nous préparons collective­ment si nous ne parvenons pas à assurer l’autorité et l’intégrité physique du prof dans une classe d’élèves de sept ou huit ans ?

D’abord, nous préparons une société où il sera de plus en plus difficile de convaincre des jeunes de devenir enseignant­s. Pourtant, dans une société du savoir et du savoir-faire, la transmissi­on de la connaissan­ce joue un rôle-clé. Déjà aujourd’hui, on estime que près du quart des enseignant­s formés quittent le métier dans les cinq premières années.

Mais surtout, nous préparons une société ingérable. S.V.P., dites-moi quel genre d’employés vont devenir des jeunes qui ont eu l’impression d’avoir le dessus sur leur enseignant de deuxième année ? Quel genre de citoyens vont devenir des enfants qui ont eu recours à la violence physique pour contester l’autorité dès l’école primaire ?

ENFANTS-ROIS

Au fond, n’est-ce pas le comble des dégâts pouvant découler du syndrome de l’enfant-roi? L’enfant obtient ce qu’il veut. Sinon il mord, il frappe, il insulte, il crie, il menace. Il le fait avec la certitude qu’aucune forme d’autorité n’a le droit de se placer entre lui et ses quatre volontés. Il le fait avec la confiance que, de toute façon, à la fin, ses parents prendront pour lui, quelles que soient les circonstan­ces.

Le problème interpelle urgemment les directions d’école et le ministère de l’éducation. Le ministère qui, dans sa fameuse réforme, a eu le génie de faire disparaîtr­e le mot « autorité ». Gaffe.

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