Les terreurs de l’école
Les manchettes racontant des exemples de violence envers des enseignants se multiplient. Les sondages sur la question font peur. 57 % des enseignants ont vécu ou vu de la violence physique envers un professeur. Pour la violence verbale, le chiffre atteint
La violence envers les enseignants constitue à la fois un échec et une menace pour la société québécoise.
Au-delà des chiffres, les exemples donnent froid dans le dos. Des enseignants mordus, frappés à coups de poing et à coups de pied, menacés. En fait, les cas de violence physique sont si graves qu’on aurait tendance à banaliser la violence verbale, les cas où des enseignants se font traiter de toutes les insanités du monde avec des blasphèmes pour pimenter le tout. Et pourtant…
L’âge des enfants qui posent des gestes violents ou intimident leurs enseignants surprend. Le problème commence chez les tout-petits. Des enfants à la maternelle ou au début du primaire démontrent des signes inimaginables de violence. Pourtant, ils devraient être à l’âge où l’on a tendance, au contraire, à trop s’accrocher au professeur.
Tous les signaux vont dans le même sens : cette situation se dégrade. Les cas deviennent plus lourds, les gestes deviennent plus graves et les enseignants deviennent plus écoeurés. Les syndicats d’enseignants parlent d’un problème qui était plutôt secondaire autrefois et qui est passé au stade de priorité numéro un.
DANGER !
Cette tendance ne peut pas se poursuivre. En fait, cette situation ne peut plus durer et les cris du coeur des enseignants devraient interpeller toute la société. Avez-vous imaginé le genre de problèmes que nous nous préparons collectivement si nous ne parvenons pas à assurer l’autorité et l’intégrité physique du prof dans une classe d’élèves de sept ou huit ans ?
D’abord, nous préparons une société où il sera de plus en plus difficile de convaincre des jeunes de devenir enseignants. Pourtant, dans une société du savoir et du savoir-faire, la transmission de la connaissance joue un rôle-clé. Déjà aujourd’hui, on estime que près du quart des enseignants formés quittent le métier dans les cinq premières années.
Mais surtout, nous préparons une société ingérable. S.V.P., dites-moi quel genre d’employés vont devenir des jeunes qui ont eu l’impression d’avoir le dessus sur leur enseignant de deuxième année ? Quel genre de citoyens vont devenir des enfants qui ont eu recours à la violence physique pour contester l’autorité dès l’école primaire ?
ENFANTS-ROIS
Au fond, n’est-ce pas le comble des dégâts pouvant découler du syndrome de l’enfant-roi? L’enfant obtient ce qu’il veut. Sinon il mord, il frappe, il insulte, il crie, il menace. Il le fait avec la certitude qu’aucune forme d’autorité n’a le droit de se placer entre lui et ses quatre volontés. Il le fait avec la confiance que, de toute façon, à la fin, ses parents prendront pour lui, quelles que soient les circonstances.
Le problème interpelle urgemment les directions d’école et le ministère de l’éducation. Le ministère qui, dans sa fameuse réforme, a eu le génie de faire disparaître le mot « autorité ». Gaffe.