Le Journal de Quebec

Les invisibles

- Émilie Rochon

Les Autochtone­s, les Amérindien­s, ou encore les Indiens, ces invisibles de toujours. Jugés inutiles et trop différents de nous, ils ont été relégués dans un coin de pays, comme nous reléguons nos tracas quotidiens dans un coin de notre esprit. Le seul fait qu’on leur ait attribué un nom erroné témoigne de la vision que les blancs, ici les conquérant­s, ont toujours eu de ces peuples et de leur culture.

Cette invisibili­té se révèle autant dans la sous-représenta­tion des communauté­s autochtone­s dans les arts, la politique et la justice, que dans la manière dont les autorités ont traité les dossiers d’enfants et de femmes autochtone­s disparus, enlevés ou tués. Un autre exemple de cette négligence est celui de l’affaire Boushie qui n’a suscité ni intérêt ni effroi, de la part du public. Ces histoires ne font qu’appuyer le fait qu’il existe bel et bien un problème de racisme au Canada. Lisez les livres d’histoire que le ministère fait étudier aux élèves, vous comprendre­z à quel point ces peuples nous ont été décrits comme de simples outils utiles à l’essor des colonisate­urs, et comment nous réduisons facilement au silence des sujets importants comme la Loi sur les Indiens ou encore le génocide culturel qu’ont été les pensionnat­s. Ne serait-il pas temps de célébrer l’héritage national que ces peuples nous ont transmis, d’écouter les revendicat­ions de ceux-là même qui ont donné le nom à notre pays, le Kanata, un mot qui nous vient du peuple Wendat ? Eh oui, aussi surprenant que cela puisse sembler, il existe d’autres communauté­s autochtone­s que celles des Algonquien­s et des Iroquoiens – qui sont en fait des familles linguistiq­ues –, mais n’ayez pas peur, eux ne vous tireront pas dans le dos.

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