Le Journal de Quebec

Deux présidents, deux amis... and more

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Welcome au pays des contrastes ! À 71 ans, le président américain pourrait facilement être le père du jeune président français de 40 ans. Un est court sur pattes et dynamique, l’autre fait six pieds trois et est plutôt lourdaud. L’américain en est à son troisième mariage, alors que le Français a épousé sa prof de théâtre qu’il a connue alors qu’il n’avait que 15 ans.

Pourtant, plus Donald Trump et Emmanuel Macron se voient et plus ces deux-là s’aiment. Je les ai regardés interagir hier, en plus de les écouter de la deuxième rangée à la conférence de presse qu’ils ont donnée dans l’east Room de la Maison-blanche. Je n’avais jamais observé rien de pareil. À la Maison-blanche, bien sûr.

Deux hommes qui s’embrassent sur les joues, c’est très français, latin probableme­nt. Rien pour nous surprendre. Sauf que les deux mêmes hommes qui le font 10 fois pendant la même journée, c’est autre chose. Rien de choquant encore une fois, mais une marque d’affection qui veut dire autre chose que « Je suis content de te voir ! ».

BIEN AU-DELÀ DU PROTOCOLE

Leur body language – j’oserais, en fait, dire – était carrément extravagan­t. En plus des air kisses, il fallait les voir multiplier les accolades qui se terminaien­t très souvent par des mains qui restaient l’une dans l’autre. Non pas comme une poignée de main de salutation­s, mais comme les couples gardent leurs mains ensemble.

À voir Trump épousseter les pellicules sur l’épaule de Macron dans le Bureau ovale, on ne croyait pas contempler le même homme qui, en mars l’année dernière, n’avait même pas tendu la main à la chancelièr­e allemande, Angela Merkel, assise à ses côtés dans la même pièce et toute disponible à un minimum d’attention.

J’ai assisté à mon lot de points de presse de Donald Trump depuis son arrivée à la présidence, mais celui d’hier après-midi avec les deux hommes qui, non seulement se serrent la main, mais se collent l’un contre l’autre, puis se séparent pour permettre au président américain d’avouer qu’« il l’aime beaucoup » en parlant de Macron : franchemen­t, jamais vu ça !

MELANIA DEUXIÈME

Ne vous méprenez surtout pas, je ne suis pas scandalisé par ces gestes de tendresse; au contraire, j’ai toujours eu un faible pour les bromances. Sauf que Donald Trump s’est montré en 48 heures plus affectueux à l’égard d’emmanuel Macron qu’envers sa propre conjointe depuis le début de l’année.

Bon, supposons que les deux hommes s’apprécient vraiment beaucoup. Difficile, tout de même, de ne pas voir chez le président français le déploiemen­t d’un charme diplomatiq­ue qui risque de lui rapporter davantage qu’une simple relation d’affaires efficace avec son collègue américain.

Macron est en demande : sur la Syrie (Gardons-y les soldats américains !), l’iran (Ne déchirons pas l’accord sur le programme nucléaire !), le climat (L’accord de Paris, ça vous dit de quoi ?) et les droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens (Vous ne pourriez pas nous en exempter ?). Son calcul : Trump fonctionne au feeling, prenons-le par les sentiments !

Pas que ce ne soit pas sincère de la part du président français, mais il a dû voir, à Paris l’été dernier, l’effet qu’ont produit chez son interlocut­eur la parade du 14 juillet, la visite au tombeau de Napoléon et le souper au Jules Verne, le fabuleux restaurant de la tour Eiffel. De côté les rapports fouillés et les arguments complexes, et viens que je t’embrasse !

On ne le dira jamais assez, il n’y a rien d’ordinaire avec cette présidence.

Trump s’est montré en 48 heures plus affectueux à l’égard de Macron qu’envers sa propre conjointe depuis le début de l’année.

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PHOTO AFP Plus Donald Trump et Emmanuel Macron se voient, plus ils s’aiment !

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