On s’en fait pour rien, dit le PDG d’aecon au sujet de la Chine
L’acquisition de ce géant canadien des infrastructures inquiète beaucoup Ottawa
Loin d’être une menace à la sécurité nationale comme l’affirme Ottawa, l’acquisition du géant canadien de l’infrastructure Aecon par la Chine est la seule option pour lui permettre de rivaliser avec ses concurrents internationaux, affirme son fondateur montréalais.
« On a peur de la Chine pour rien, d’après moi », lance sans ambages le Montréalais Jean M. Beck, qui a fondé l’entreprise en 1957 dans la métropole, en entrevue au Journal.
Il réagissait ainsi pour la première fois à l’enquête déclenchée par Ottawa sur le rachat d’aecon par le chinois China Communications Construction Co. Ltd. (CCCC), qui appartient au gouvernement chinois.
Achetée au prix de 1,5 milliard $ par la CCCC, en octobre, Aecon participe à la construction du Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt.
Mais Ottawa a lancé, puis « exigé un approfondissement de l’enquête de sécurité nationale » entourant la transaction, notamment parce qu’aecon est très présent dans les secteurs de la construction d’infrastructures nucléaires et de communication.
ENQUÊTE DU FÉDÉRAL
Résultat : la vente pourrait ne pas être entérinée comme prévu à la mi-juillet, au grand dam de M. Beck.
« Le processus suit son cours », dit M. Beck, qui ne cache pas son impatience. Ottawa pourrait annoncer au début mai la conclusion de l’enquête, ou son prolongement pour une période additionnelle de 90 jours.
« On travaille de très près avec le gouver- nement pour lui fournir tous les renseignements demandés. Le groupe Aecon qu’on connaît bien au Canada ne changera pas [après la transaction]. »
En 2015, quand CCCC a acheté la firme d’infrastructures australienne John Holland au coût de 1,5 milliard $, des inquiétudes semblables ont été soulevées, rappelle-t-il. Mais le gouvernement australien a fini par donner son feu vert.
Pour M. Beck, il s’agit de la seule option valable pour permettre à Aecon de poursuivre sa croissance.
« On fait concurrence, au Canada et ailleurs, à des joueurs de partout. [...] Pour avoir les [moyens] financiers pour leur livrer une concurrence sérieuse, on n’a pas le choix de trouver quelqu’un pour nous donner la force. [...] », a-t-il insisté.