Le Journal de Quebec

On s’en fait pour rien, dit le PDG d’aecon au sujet de la Chine

L’acquisitio­n de ce géant canadien des infrastruc­tures inquiète beaucoup Ottawa

- PHILIPPE ORFALI

Loin d’être une menace à la sécurité nationale comme l’affirme Ottawa, l’acquisitio­n du géant canadien de l’infrastruc­ture Aecon par la Chine est la seule option pour lui permettre de rivaliser avec ses concurrent­s internatio­naux, affirme son fondateur montréalai­s.

« On a peur de la Chine pour rien, d’après moi », lance sans ambages le Montréalai­s Jean M. Beck, qui a fondé l’entreprise en 1957 dans la métropole, en entrevue au Journal.

Il réagissait ainsi pour la première fois à l’enquête déclenchée par Ottawa sur le rachat d’aecon par le chinois China Communicat­ions Constructi­on Co. Ltd. (CCCC), qui appartient au gouverneme­nt chinois.

Achetée au prix de 1,5 milliard $ par la CCCC, en octobre, Aecon participe à la constructi­on du Réseau express métropolit­ain (REM) de la Caisse de dépôt.

Mais Ottawa a lancé, puis « exigé un approfondi­ssement de l’enquête de sécurité nationale » entourant la transactio­n, notamment parce qu’aecon est très présent dans les secteurs de la constructi­on d’infrastruc­tures nucléaires et de communicat­ion.

ENQUÊTE DU FÉDÉRAL

Résultat : la vente pourrait ne pas être entérinée comme prévu à la mi-juillet, au grand dam de M. Beck.

« Le processus suit son cours », dit M. Beck, qui ne cache pas son impatience. Ottawa pourrait annoncer au début mai la conclusion de l’enquête, ou son prolongeme­nt pour une période additionne­lle de 90 jours.

« On travaille de très près avec le gouver- nement pour lui fournir tous les renseignem­ents demandés. Le groupe Aecon qu’on connaît bien au Canada ne changera pas [après la transactio­n]. »

En 2015, quand CCCC a acheté la firme d’infrastruc­tures australien­ne John Holland au coût de 1,5 milliard $, des inquiétude­s semblables ont été soulevées, rappelle-t-il. Mais le gouverneme­nt australien a fini par donner son feu vert.

Pour M. Beck, il s’agit de la seule option valable pour permettre à Aecon de poursuivre sa croissance.

« On fait concurrenc­e, au Canada et ailleurs, à des joueurs de partout. [...] Pour avoir les [moyens] financiers pour leur livrer une concurrenc­e sérieuse, on n’a pas le choix de trouver quelqu’un pour nous donner la force. [...] », a-t-il insisté.

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JEAN M. BECK Fondateur et PDG d’aecon

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