Le Journal de Quebec

La police belge a espionné Paul Desmarais Jr

Le CO-PDG de Power Corporatio­n a été interrogé sur des paiements présumés à l’état islamique

- Jean-françois Cloutier l Jfcloutier­jdm

Un membre d’une des familles les plus riches et puissantes du Québec, Paul Desmarais Jr, aurait été interrogé et mis sur écoute par la police belge, à la fin 2017, dans le cadre d’une enquête sur des paiements allégués du cimentier Lafarge au groupe terroriste État islamique.

Le réputé quotidien Le Monde a révélé hier que Paul Desmarais Jr et trois autres administra­teurs de GBL, un holding des familles Frère et Desmarais, ont été rencontrés par des policiers belges le 13 décembre 2017. Leur téléphone a également été placé sur écoute dans le mois précédant cette rencontre, selon le quotidien.

La police belge cherche à savoir ce que savait exactement la direction de GBL dans l’affaire des paiements allégués de Lafarge au groupe armé État islamique (ÉI) en Syrie, entre 2012 et 2014.

Paul Desmarais Jr, CO-PDG de Power Corpora- tion, siège au conseil de Lafarge depuis 2008. Sa famille est notamment célèbre pour son imposant domaine de Sagard, dans Charlevoix, où elle a invité de nombreuses personnali­tés, dont d’anciens présidents américains et les ex-premiers ministres Jean Chrétien, Paul Martin, Lucien Bouchard et Jean Charest.

PRATIQUES « INACCEPTAB­LES »

Lafarge (renommé Lafargehol­cim après une fusion avec le cimentier suisse Holcim) a admis avoir eu recours à des pratiques « inacceptab­les » pour continuer à opérer une raffinerie neuve dans le nord de la Syrie pendant la guerre civile.

« La justice se demande si ces agissement­s n’ont pas été cautionnés par l’actionnair­e principal, le Groupe Bruxelles Lambert (GBL), qui détenait 20 % des parts du cimentier à l’époque des faits », rapporte Le Monde. Pour éviter de voir leurs conversati­ons captées par les policiers, les administra­teurs de GBL auraient reçu la consigne d’utiliser la messagerie cryptée Telegram.

ABSENCE D’INFORMATIO­NS

Pour l’instant, les enquêteurs disent n’avoir trouvé aucune preuve tangible que les représenta­nts de GBL étaient au courant de paiements à L’ÉI. La ligne de défense des administra­teurs de GBL est qu’« aucune informatio­n n’est remontée concernant ses agissement­s en Syrie ». Le Monde affirme que les policiers belges s’interrogen­t devant une « absence vertigineu­se d’informatio­ns ».

Les enquêteurs notent que des comptes rendus transmis par les avocats de Lafargehol­cim sont manquants, « notamment ceux de novembre et décembre 2013 ». Il est aussi question d’un « mail dangereux » effacé par une secrétaire d’un administra­teur de GBL et de rumeurs évoquées par un administra­teur de « destructio­n de preuves ».

Dans une conversati­on téléphoniq­ue captée par la police et rapportée par Le Monde, un ancien cadre de Lafarge acquiesce à un interlocut­eur qui lui dit que des actionnair­es de Lafarge chercherai­ent actuelleme­nt à faire porter le blâme sur des cadres inférieurs de la compagnie. « Plus on admet la faute en haut, plus ils vont être menacés », dit-il. L’interlocut­eur ajoute que toute cette affaire [des paiements à L’ÉI] « vient des actionnair­es ».

Gérald Frère, un administra­teur de GBL et de la Financière Power, a aussi affirmé, alors qu’il était sur écoute, que « le conseil [de GBL] a joué au naïf parce que ça l’arrangeait bien », selon Le Monde.

Le porte-parole de Power Corporatio­n, Stéphane Lemay, n’a pas répondu à un courriel, hier.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? PHOTO D’ARCHIVES
PHOTO D’ARCHIVES
 ??  ?? Paul Desmarais Jr (photo principale) aurait été mis sur écoute et interrogé par la police belge. C’est le quotidien Le Monde (en mortaise) qui a révélé ces informatio­ns, hier. Ci-haut à droite, un combattant de l’état islamique.
Paul Desmarais Jr (photo principale) aurait été mis sur écoute et interrogé par la police belge. C’est le quotidien Le Monde (en mortaise) qui a révélé ces informatio­ns, hier. Ci-haut à droite, un combattant de l’état islamique.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada