L’avenir des Nouvelles-casernes
Faute de volonté politique, plus d’un demi-siècle après l’abandon des Nouvelles-casernes on ne sait toujours pas quelle autre vocation sera conférée à ce plus ancien ouvrage militaire construit sous le régime français en Amérique du Nord.
Datant de l’époque de Louis XV, les Nouvelles-casernes ont été construites en 1749 afin de loger les troupes françaises envoyées en renfort à Québec. Elles ont ensuite été habitées par les militaires pendant plus de 100 ans, après la conquête britannique, et les Augustines les ont acquises en 1966. Elles font partie intégrante des fortifications, et prennent place sur la rue de l’arsenal, dans le Vieux-québec.
La Commission de la capitale nationale du Québec, qui est propriétaire du bâtiment classé immeuble patrimonial, a tenu cette semaine un atelier consultatif dans le but de nourrir une réflexion qui est en cours depuis trop longtemps déjà.
Un appel de propositions avait été lancé en 2014, mais s’était terminé en queue de poisson. Les projets finalistes avaient été rejetés, car ils n’auraient permis d’occuper qu’une trop petite partie des lieux. Cette fois, on se donne six mois pour aboutir à un projet qui sera soumis au gouvernement. Ce qui, dans l’optique d’une décision, nous mène, vous l’aurez compris, après les prochaines élections.
En février, les ministres Sébastien Proulx et Gaétan Barrette ont laissé entendre que les Nouvelles-casernes pourraient être intégrées à la réflexion sur l’avenir des bâtiments de l’hôtel-dieu, à la suite du déménagement de l’hôpital à l’enfant-jésus. Tous deux promettent de préciser les intentions avant la fin de 2018. C’est drôle comme les idées paraissent devenir plus claires, à l’approche de l’échéance électorale.
Mais faudra-t-il encore un demi-siècle pour que ce bâtiment exceptionnel retrouve une utilité ?
DORMIR AU GAZ
Pour Agnès Maltais, responsable de la Capitale-nationale pour l’opposition officielle, le gouvernement Couillard s’est tout simplement traîné les pieds dans le dossier et doit maintenant démontrer plus qu’une intention vague. Elle déplore qu’on ait attendu l’année électorale pour annoncer plusieurs projets, dont récemment la phase trois de la promenade Samuel-de-champlain, et elle n’y voit qu’une stratégie électorale.
Dans le cas des Nouvelles-casernes, l’élue conçoit qu’il n’est pas aisé de trouver une solution. « Mais si tu dors au gaz pendant quatre ans, c’est sûr que tu n’en trouveras pas, de solution », tranche-t-elle.
À ses yeux, ce serait non seulement inconcevable de laisser aller ce bâtiment, mais « au niveau du patrimoine et de la culture québécoise, ce serait un crime ». Des legs font en sorte que Québec est considérée comme une ville du patrimoine de L’UNESCO, et la présence du patrimoine français en fait partie, rappelle-t-elle.
TRAVAUX D’URGENCE
La bonne nouvelle, c’est que les travaux d’urgence visant à sauver le bâtiment ont été entrepris en début d’année et se poursuivront jusqu’en 2020. C’est Mme Maltais qui, en 2013 et à titre de ministre responsable de la Capitale-nationale, avait cédé le bâtiment à la Commission et annoncé les 20 M$ nécessaires pour les travaux.
Mais faudra-t-il encore un demi-siècle pour que ce bâtiment exceptionnel retrouve une utilité ? Pourrait-on vraiment compter sur un prochain gouvernement caquiste, toujours très silencieux en matière de culture et de patrimoine, pour y voir ? Quoi qu’il en soit, l’inquiétude est toujours de mise quant à l’avenir de ce trésor patrimonial de Québec.