Macron plaide pour le leadership des États-unis
Tout devrait opposer ces deux personnalités contrastées, mais Emmanuel Macron mise gros sur sa relation personnelle avec Donald Trump dans l’espoir d’éviter l’effondrement complet du leadership international des États-unis. C’est un pari ambitieux.
Lors de sa première visite à Washington, Justin Trudeau avait fait preuve d’un instinct politique sûr en cherchant à cultiver un bon lien personnel avec Donald Trump.
Peu après, lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron, le premier ministre canadien a pris soin de lui souligner combien une connexion personnelle avec Trump est nécessaire pour entretenir des liens de coopération avec son gouvernement.
Macron a bien retenu la leçon. En fait, l’élève a dépassé le maître.
AMITIÉ TRÈS SPÉCIALE
Dès la première poignée de main, épique, entre Macron et Trump, on a vu que le président français n’allait pas s’en laisser imposer au jeu du « mâle alpha ».
Lors de la visite du président Trump à Paris, Macron lui en a mis plein la vue, entre autres avec le défilé du 14 juillet, et les deux hommes ont multiplié les marques d’affection cette semaine à Washington.
Manifestement, si le reste du monde a un message à passer au président américain, son nouveau pote Emmanuel semble l’émissaire tout désigné.
MESSAGE CLAIR
Si Macron a pris soin de flatter Trump dans le sens du poil lors de leurs face-à-face, son discours au Congrès a été l’occasion de lancer un message clair aux États-unis de la part des pays qui se réclament encore de l’ordre international libéral.
Comme dans son rapport personnel avec Trump, Macron en a beurré épais sur les liens d’amitié historiques et les affinités naturelles entre les deux pays.
Dans un discours applaudi plus chaudement sur les banquettes démocrates, Macron a étalé ses convictions profondes, proches des principes de l’internationalisme libéral partagés par tous les anciens présidents américains, mais rejetés par Trump.
DES CONTRASTES ET DES DÉFIS
Emmanuel Macron a exposé les contrastes entre sa vision progressiste de l’intérêt commun des démocraties libérales et la vision étroitement nationaliste et rétrograde associée au trumpisme.
Sur les trois dossiers sensibles du commerce, des changements climatiques et du contrôle des armements nucléaires, Macron a réitéré les principes de l’internationalisme libéral qui, insiste-t-il, concordent avec l’intérêt national réel des États-unis.
Sur les changements climatiques, Macron a bon espoir que les ÉtatsUnis rejoindront un jour l’accord de Paris et que les dommages de leur absence temporaire seront limités.
Par contre, les dommages causés par une éventuelle guerre commerciale et surtout par un effondrement de l’accord nucléaire avec l’iran seraient plus profonds.
Dans ces dossiers, l’heure des choix approche pour Donald Trump.
Il est loin d’être acquis que le président américain tournera le dos à sa « base » pour répondre favorablement au plaidoyer de son ami Emmanuel, mais on ne pourra pas reprocher à ce dernier de ne pas avoir fait tout ce qu’il a pu pour faire passer le message.
Macron a bien retenu la leçon. En fait, l’élève a dépassé le maître.