Le Journal de Quebec

Revenu Québec critiqué pour ses séances de questions sur Facebook

L’agence a tenu des événements en ligne via le réseau social et plusieurs contribuab­les québécois ont dévoilé de nombreux éléments de leur situation financière

- FRANCIS HALIN

Revenu Québec a invité les contribuab­les québécois à lui poser des questions sur l’impôt par le biais de Facebook au moment où le réseau social était plongé dans le pire scandale de fuite de données de son histoire.

Salaire, emploi, épargne et situation familiale… Le caractère hautement délicat des informatio­ns partagées à Revenu Québec via Facebook donne froid dans le dos aux spécialist­es en cybersécur­ité interrogés par Le Journal.

Les 4 et 19 avril derniers, plus de 308 personnes ont répondu à l’invitation de l’agence et leurs questions fiscales sont d’ailleurs toujours visibles en ligne, au grand dam de spécialist­es en sécurité informatiq­ue.

Revenu Québec assure avoir obtenu l’aval de ses conseiller­s juridiques et avoir même remporté un prix de communicat­ion pour cette initiative ( voir autre texte). Cependant, cela ne convainc pas les experts en cybersécur­ité interrogés par Le Journal.

« DANGEREUX », « ÉPEURANT »

« C’est dangereux ! » tranche le chef de la recherche en cybersécur­ité chez Gosecure, Olivier Bilodeau.

« C’est un peu épeurant. Il y a des chiffres et des salaires », s’inquiète le président d’intrasecur­e, Nicolas-loïc Fortin.

En plus de pouvoir être consultées facilement, les informatio­ns publiées sur la page Facebook de Revenu Québec sont enregistré­es sur les serveurs du géant américain, rappelle l’associé chez Natifs, Jonathan Poliquin.

« On joue avec le feu. C’est irresponsa­ble de faire ça sur une plateforme comme Facebook. Qui a eu cette mauvaise idée-là ? Pourquoi ? » s’interroge, pour sa part, le spécialist­e en sécurité informatiq­ue Éric Parent.

RIEN DE PRIVÉ

Les experts consultés par Le Journal estiment que Revenu Québec met carrément en péril la sécurité des données des contribuab­les. Plus de 100 000 Québécois sont abonnés à la page de l’agence.

Selon Olivier Bilodeau de Gosecure, les gens oublient que leur conversati­on sur Facebook... est publique. « Ils pensent qu’ils ont une relation avec le gouverneme­nt, donc ils ont l’impression que c’est privé. Tout d’un coup, sur cette page-là, c’est public », conclut-il.

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